CONCOURS DE POESIE « MATIAH ECKHARD » 2019

 

Mentions spéciales « Université »

 

NZADI O NZERE (La rivière des rivières)

 

Je suis je, moi, une eau de rivière

Tu es tu, toi, l'eau de l'autre rivière

Je suis je, sur mes rivages, solitaire

Tu es tu, ailleurs, au pied de tes pierres

 

Je suis je, sans tu, l'agonie du temps

Tu es tu, sans je, au gré du vent

Je suis je, sans tu, le silence de l'horizon

Tu es tu, sans je, dans ta propre prison

 

Que sommes-nous sans nous ?

Des bouts de tout et de rien du tout

Errant nulle part un peu partout

Entre sillages et tristes remous

 

Tu es tu, toi, je suis je, moi, à l'autre bout

Fuyant le néant dans l'œil évanoui, sans nous

Mais de tu et de je, seul le trépas

Ramènera la vie glissée entre nos doigts

 

Dans le souffle et l'éclat de sa flamme

Le poète le pensait donc si bien :

Quiconque avec moi s'entretient

Semble disposer de mon âme

 

Jocelyn DANGA, 25 ans,

Kinshasa, RD Congo

 

 

 

 

 

 

Le poète qui pleure

 

Il est penché sur son pupitre,

La lune l'éclaire à travers la vitre,

Sa plume gratte le papier,

Qui s'imbibe de ses larmes salées.

 

À chaque mot qu'il écrit,

Chaque fragment de vie,

C'est sa douleur qu'il offre au monde,

Dispersant ces humeurs vagabondes.

 

Il cherche dans sa souffrance la plus intime,

L'éclat de lumière le plus infime,

Il le sublime de mille mots flamboyants,

Pour vous en faire présent.

 

La beauté du sonnet s'inscrit dans vos cœurs,

Vous songez à ce poète, à sa clameur,

Un cri d'espoir dans la douleur,

Sans peut être imaginer,

Que vous écrire lui a pansé ses plaies.

 

Ces pleurs se sont taries,

Dans un souffle de vie,

Vos cœurs en diapason,

Guéris par ses vers,

Battent à l'unisson,

Dans un monde de travers.

 

Le poète a cessé de pleurer,

Il a guéri votre âme et la sienne,

Et rit de contempler,

Ce que l'art peu forger dans la peine.

 

Margaux Gambier, 21 ans

Fontaine-sur-Somme (80), France

 

 

 

 

 

 

CE QU’EST LA VIE ÉTERNELLE

 

Il ne mourra jamais

Celui qui lâche chaque jour un sourire pour laisser

Le vent le guider vers ce cœur qui n'en demande qu'un reflet ;

Celui qui vole chaque jour une étincelle de lumière à l'aurore,

Pour éclairer le sentier de celui qui se perd

À chercher une parcelle d'espoir en plein soir.

 

Il ne mourra jamais

Celui qui porte chaque jour un peu d’humanité sur lui

Pour panser les blessures de ceux que le mal bâillonne;

Celui qui s’efforce chaque jour de trouver deux bouts de paix,

Les met dans un plateau en or et le tend au monde.

 

Il ne mourra jamais

Celui dont un souffle d'amour s’échappe chaque jour

Des battements de son cœur et raisonne à travers tous les sens,

Pour que chaque esprit puisse en déguster l'essence.

 

Il ne mourra jamais

Celui qui cueille chaque jour un rêve au fond des nuages

Et le partage avec ceux dont l'absence fait mourir;

Celui qui porte chaque jour une étoile d'un bout de doigt,

La dépose au sommet de la cité unissant tous les peuples

Pour éclairer leur lendemain et les guérir des maux mortels.

 

Il ne mourra jamais

Celui qui extrait chaque jour un baiser du repli de son âme

Pour remplir de paroles les pages vides de l’existence d’un autre,

Quand le silence devient une peur blessant le quotidien;

Celui qui chaque jour fait un rire servir de collier à l'enfance;

Celui qui invente toujours des mots vitaux pour revigorer un mourant.

 

La seule façon de vivre éternellement c'est d'aimer; et on aime

Quand on se donne pour empêcher les larmes du monde de couler.

On ne vit que quand on conquiert toujours le soleil de la liberté

Et le répand dans son univers pour faire de lui un sûr asile;

Ainsi, ceux qui y demeurent auront une vie pérenne comme nous;

Ils pourront contempler le jour se lever dans l'espace de leurs nuits.

 

Louis Bertony, 25 ans,

Centre d’enseignement moderne, Haiti

 

 

 

 

 

 

Ecco il mio oggetto,

ecco il mio libro,

una parte importante di me,

un libro che mi fa sognare,

viaggiare,

piangere,

ridere,

una storia che fa parte di me.

 

Voici mon objet,

voici mon livre,

une part importante de moi;

un livre qui me fait rêver,

voyager,

pleurer,

rire,

une histoire qui fait partie de moi.

 

Manon Vallier, 19 ans

Étudiante à l'Université Paul Valéry, Montpellier

 

 

 

 

 

 

Le Monde que je mire à l’aube

 

Je considère le Monde comme une construction

Harmonieusement bien bâtie,

Complète synergie,

Les éléments y disposés comme naturellement,

A l’évidence de leur statut à l’œuvre de l’existence.

 

La Nature l’irrévocable fondation, débonnaire et fraternelle ;

La Vie l’irréversible fondement, souveraine et continuelle ;

Le Langage faisant de la voix de l’Être un retentissement,

Comme étant l’objet ensuite le sujet du renouvellement.

 

La Loi étant de la logique, le critère ultime de convergence ;

L’Amour l'accomplissant de bienveillance et de bienséance.

La Foi l’issue des horizons lointains d’où Lumière et Triomphe,

Axiomes et principes se fusionnant pour le bonheur éternel.

 

Les souffles s’érigeant pour le summum de la beauté,

Aussi merveilleusement que la muse d’un poète illuminé,

Quand il conçoit facilement et ordonne les naissances.

 

Je considère le Monde comme une construction

Harmonieusement bien bâtie,

Complète énergie,

Les éléments s’en disposant aussi rationnellement,

Qu’il y’a des choses qui existent et des choses qui n’existent.

 

Awouafack Daquin Cédric, 24 ans,

Institut des Statistiques et d’Économie appliquée, Yaoundé, Cameroun

 

 

 

 

 

 

En larme.

 

Il pleut dans mon cœur des torrents acides,

Il pleut sur mes jours éphémères et amères,

Il pleut toujours plus fort dans mon cœur humide,

Il pleut, oui, il pleut encore et sans arrêt.

 

Je suis mouillée et trempée par mes larmes,

Je me noie car je manque d’amour,

J’ai besoin qu’on m’aide,

SOS affection ! Je me noie.

 

Je broie le noir,

Je manque d’espoir,

Un sourire perdu juste une fois,

Pour ranimer ma foi.

 

Je ne décèle que de l’effroi

Dans leurs regards,

Je ne vois que des poignards,

Dans les baisers et les rires.

 

Je ne vois que du SANG,

Il pleut toujours plus fort dans mon poumon qui se fend.

 

Tsémo Léonce Sandrine, 22ans,

Université de Dschang, Cameroun

 

 

 

 

 

 

Lettre à ma fille

 

Il fût un temps, lorsque j'étais encore vivant,

Quand ma vie avait encore un sens,

Et que je ne connaissais pas encore le néant.

Tu étais ma perle, ma merveille,

Celle que je ne voulais pas perdre.

Tu voulais être ce petit papillon bleu,

Pour m'accompagner en tout lieu.

C’était notre symbole,

Celui de notre complicité.

On jouait, on riait et tu m'aimais

Mais tout ça c'est du passé.

Un jour tout a basculé,

Et la lumière a laissé place à l'obscurité.

J'ai échoué, je suis désolé,

Désolé, de ne pas t'avoir donné la vie que tu méritais,

Si tu savais ce que j'aurais voulu pouvoir tout recommencer,

T'offrir le père parfait.

Oh toi ma beauté qui étais réalité,

Tu étais devenue celle dont je rêvais,

Chaque jour et chaque nuit,

Tu étais dans mes pensées.

 

Lorsque tu seras en train de lire cette lettre,

Plus rien ne sera pareil.

Je ne peux pas te mentir,

Je dois tout te dire,

Pour que de mes expériences,

Tu puisses correctement fleurir.

Mes forces m'abandonnent,

Je n'ai plus le courage,

Affronter tous ces regards et cette haine autour de moi.

J'aurais honte si tu me voyais comme ça.

Pouvant à peine tenir debout à cause de mon corps amaigri,

Tu ne me reconnaîtrais pas.

La nuit on te tabasse et le jour on t'oublie.

On me dévisage et on m'évite,

On m'écrase comme une vulgaire mite.

J'en suis réduit à fouiller dans les poubelles,

Comme ces mouches à merde.

La rue c'est comme la jungle,

Soit tu vis soit tu crèves.

Ici, la solitude est maître.

 

Seul dans le froid je fais mes prières.

Je prie pour toi et ta mère,

Que vous restiez dans la lumière.

Si tu savais à quel point vous me manquez,

Mon Dieu, je ne cesse de pleurer,

Mon Dieu, je ne cesse de crier,

Mon Dieu par pitié,

Rendez-moi ce qui m'a été arraché.

Mon cœur ne fait que saigner,

Mais personne ne souhaite m'aider.

Je reste là comme un objet,

Je ne fais pas parti de leurs intérêts.

Après tout, je n'ai plus rien à donner,

Si ce n'est que de pouvoir aimer.

Mais personne ne veut d'un déchet,

Quoi que je fasse et où que je sois,

Je suis renié.

Les hommes sont mauvais,

Ils sont sans pitié,

Tout cela m’effraie,

Et je voudrais pouvoir te protéger.

 

Aujourd'hui le temps a passé,

Tu grandis et seras confrontée,

Confrontée à une dure réalité.

Ne te laisse pas piéger :

Ils sont mauvais,

Et n'hésiteront pas à te faire couler.

Cette société ne pense qu'à manger,

A posséder.

Moi je te dis d'aimer.

Aimer celui qui pourra t'apporter,

Ce que moi je n'ai pas pu te donner.

Il est temps pour moi de m'en aller,

Laisser place à de plus grands projets.

Ne t'en fais pas je t'accompagnerai,

Je serai ce petit papillon bleu,

Pour te suivre en tout lieu.

 

Manon Raynier, 20 ans,

L1 psychologie, Université Paul Valéry Montpellier

 

 

 

 

 

 

Le temps des 18 ans

 

Cela fait maintenant longtemps,

Longtemps que je n’ai pas écrit.

Pourquoi cela ? Moi-même je ne le sais pas.

L’écriture semblait banale, elle, pourtant si vitale.

Mais c’est sans doute que je n’ai pas pris le temps,

Qu’il a été emporté par le vent.

Cette année j’ai dû apprendre à me redécouvrir,

Cette année j’ai dû apprendre à souffrir.

Tout autour de moi m’a semblé inanimé,

Tout autour de moi m’a semblé sans intérêt.

Aussi violente qu’une tempête,

La peur s’est installée dans ma tête.

J’ai tenté d’ignorer ce qui me dévorait,

Cette douleur qui ne voulait pas s’apaiser…

Je pensais que la peine finirait par disparaitre,

Alors j’ai attendu cachée derrière un masque de paraitre.

A vouloir absolument me surpasser, j’y ai laissé ma santé.

A toujours me questionner, j’ai fini par ne plus savoir qui j’étais.

La torture que je m’imposais ne s’est pas atténuée,

Comment savoir quel chemin emprunter ?

Pourtant à 18ans on veut que vous sachiez,

On attend de vous que vous grandissiez.

On vous dira qu’à 18ans vous avez le temps,

Le temps de rêver, d’espérer, de vous projeter…

Mais on vous dira aussi qu’il ne faut pas tarder,

On vous dira qu’il vous faut vous décider.

On vous dira de prendre les bonnes décisions,

D’éviter toutes les mauvaises actions.

On vous dira qu’il faut vous trouver,

On vous dira qu’il ne faut pas vous tromper.

Mais vous risquez d’en oublier de rêver…

La route du bonheur n’est pas la plus aisée à emprunter,

Avant de la trouver vous allez douter, hésiter,

Vous allez même sûrement vous tromper.

 

Ce n’est pas ici un cri de désespoir, 

C’est un désir de sortir du noir. 

Nous avons le droit de prendre notre temps, 

Nous avons le droit de douter et de nous tromper. 

Nous devons apprendre à accepter, à nous accepter. 

Nous devons apprendre à nous écouter. 

Mais pour cela nous devons prendre le temps, 

Et ne pas le laisser être emporté par le vent. 

 

Joséphine Ponsard, 19 ans,

Institut d’Alzon de Nîmes

 

 

 

 

 

 

 

Essere disabile è

essere più forte.

 

Être inapte 

c'est être plus fort. 

 

Vi do qualcosa

rientro in me

mi spengo.

 

Je vous donne quelque chose, 

je rentre en moi 

je m'éteints 

 

Il mio cammino è lungo

il mio corpo

attaccato alla terra

mi fa sentire umana

 

Mon chemin est long 

Mon corps attaché à ma terre 

me fait sentir humaine. 

 

 

Julia Duthilleul-Pallares,

Université Paul Valéry de Montpellier