Concours de poésie « Matiah Eckhard» 2021
Mentions spéciales « Université »
Laissez-moi écrire encore
Laissez-moi écrire encore,
Rien qu'un mot.
Un mot pour les larmes dérobées,
Et un autre pour les sourires volés,
Pour les masques qui tombent,
Lorsque la douleur succombe.
Pour les danses enflammées des soirs d'été,
Les notes qui résonnent entre les hommes,
La musique du cœur qui se joue du bonheur,
Le rêve qui abdique, le passé fantomatique,
Et les spleens despotiques.
L'imagination qui vibre,
Le désir ivre,
D'une envie infinie,
Où l'amour s'épanouit.
Laissez-moi écrire les regrets et les soupirs,
Les cris et les rires,
Les trahisons et les vengeances,
La force des émotions et la magie des sens.
Un mot pour les naufragés,
Sur le radeau malmené,
Pour la houle qui menace,
Et la perfidie du temps qui passe.
Un mot pour les mains qui se tendent,
Et les espoirs qui se vendent,
Les montagnes qui se soulèvent,
Et la force des rêves.
Un mot pour les fous et les sages,
Pour les conteurs de tous âges,
Pour les passeurs de bonté,
Et les créateurs passionnés.
Un mot pour toi, un mot pour moi,
Pour cet inconnu que je ne connais pas.
Pour les évidences et les souffrances,
Pour la beauté et le dégoût, l'éphémère de l'instant,
Et la flamme de nos souvenirs d'antan.
Les murmures de la mémoire,
La solitude du soir.
Les trains qui passent et que rien ne retient,
Les amitiés que l'on étreint.
Je veux écrire jusqu'à l'épuisement,
Suivre mes vers errants, emportée sur le chemin de ma prose,
Cueillir chaque ortie et chaque rose.
Je veux douter et croire,
Je veux goûter l'échec et la victoire.
Je veux l'entêtement et la tolérance,
La persévérance et l'abattement.
Laissez-moi écrire encore un mot,
Rien qu'un mot,
Et s'il s'envole dans l'oubli,
Laissez-moi recommencer sans répit,
Rien ne sera changé, ni choix ni regrets,
Puisqu'il faut bien tout essayer.
Laissez-moi encore écrire,
Rien qu'un mot,
Le vil comme le beau,
Le temps d'un rire ou d'un soupir,
Je veux tout vivre...
Margaux Gambier,
23 ans, Fontaine sur Somme (80)
Le bruissement des petites pierres
Mes yeux se noient dans la soie de l'horizon
La vie tangue de travers
Mes rêves
Des verglas aux pétales de sable
Sont des graffitis vertigineux sur le revers d'un miroir à relief
Dans la quiétude du temps, je m’érige un espace
Pour me dissuader du penchant des ruines de cœur et de sourire
Mon sang engrange l'orage et l’éclair
Prend acte du feu et de l’étoile Tonne comme l’encre
Brûle les larmes de la fêlure de l'ennui
J'habite un instant de brûlure d'aube
Las Las de tout
Un jour je m'en irai
Je partirai loin loin de ce paysage de malheur
De tous ces regards de glaise
Cette pluie de nécropole
Je partirai dans les yeux d'un oiseau à me perdre
Dans l'étonnement d'un arbre
Dans l'ivresse d'une brise à m'enivrer
Des couleurs d'automne
Dans le sable des grèves à me fondre dans l’intensité de l’océan
Sans hésiter ni résister
Je me laisserai faufiler dans le chant de la neige
Dans l’élan des phalènes
Dans la vapeur du goudron
Dans le vent, le bruissement des petites pierres
Dans le frisson d’un poème
Dans le moindre soupçon de clarté ou de rire
Dans l’étreinte du fleuve qui gèle l’intérieur
Je me fondrai alors dans toutes ces choses
Que nous jugeons insignifiantes
Dans les traits des pépiements
Dans les vibrations des promesses
Dans l’envol de la lumière au-dessus des ombres
Entre les colonnes des couleurs de l’arc-en-ciel
Car il suffit d’un rien, d’un tout petit rien
Pour goûter à la sève de la liberté
Niklovens Fransaint,
24 ans, Université Paris Saclay (Bezons (95))
Un jour viendra
Un jour…
Un jour viendra où les arbres fleuriront la terre
Et nos rêves seront lucioles
Au bout de cette mutation des vagues, j’étale la couleur des arbres sur les rayons de l’humanité
J’étale depuis la maternité des âges les empreintes du soleil qui mûrissent mon rêve
Et je sais qu'à l’orée du voyage millénaire, les arbres fertilisent notre éternité
Qu’à l’orée du voyage millénaire, les arbres lavent le cœur du ciel
Un jour …
Un jour viendra où les arbres fleuriront la terre
Et nos rêves seront lucioles
Au bout de cette mutation des vagues, je suis l’arbre qui contemple le mot survie Parce que le bassin du Congo est notre souffle de vie
Parce que les arbres font de nous les architectes du développement
Un jour…
Un jour viendra où les arbres fleuriront la terre
Et nos rêves seront lucioles
Au bout de cette mutation des vagues, il y a des arbres qui portent nos amitiés
Il y a des arbres qui essuient les lourdes larmes du Sahel
Il y a des arbres qui gémissent dans le vent pour enfanter une l’humanité de paix et de lumière
Il y a des arbres qui tiennent debout l’espérance des peuples
Un jour …
Un jour viendra où les arbres réconcilieront le ciel et la terre
Ô mes dieux Koongos !
Donnez à mon âme la foi de bâtir l’homme
Donnez à mon âme les pieuvres du soleil afin de peindre sur la face du monde le mot vivre-ensemble
Car
Au-delà de cette humanité à récréer, nous devons prendre soin de nos amitiés
Aider l’autre c’est aider le monde à marcher
Aider l’autre c’est écrire dans la mémoire de l’homme mille mots de souvenirs
Un jour viendra où ma terre joindra la parole sur le soleil
Et nous donnerons une âme céleste à la biodiversité.
Tristell Mouanda Moussoki,
23 ans, Congo Brazzaville
Je suis amour, amour je suis
Dans la diversité, je trouve ma place.
Loin de mes origines, loin de ma race.
Je me fais un espace, loin de ma classe.
Sur la soeur de Mars et Vénus,
J'enfante une nouvelle race chaque fois.
Devant les ténèbres de l'humaine barbarie,
je monte à la tribune des médiations.
Où j'absorbe les flèches des points cardinaux.
Depuis les entrailles des maisons,
J'étouffe guerre et tragédie.
Du vieux continent au berceau de l'homme,
Chez l'oncle SAM à la terre des prophètes;
Mes fruits sont étoiles.
J'aurai voulu être humain.
Recevoir chaque année, le prix Nobel de paix.
Je suis amour, amour je suis.
La chose au monde la mieux partagées, je suis.
Au service de mon partenaire, je suis.
A la protection de mon hôte, je suis.
Au secours de l'autre, je suis pour.
Je suis amour, amour je suis.
Le coeur est mon refuge.
Abdala Ismaël Massanga
19 ans, Ecole Normale Supérieure de l'Université Marien Ngouabi (Congo)
Ma muse
Quand la rosée du matin brille aux couleurs des perles
Quand le ciel obscur devient laiteux
A l'heure où l’astre du jour incendie le firmament
La vie offre une nouvelle opportunité
Quand l'infini immense dévoile ses courbes blanches
A l'heure où les feuillages embrassent les plumes des cieux lointains
Et saluent indolemment le lever du soleil
La vie nous couvre d'une auréole d'espoir
Comme tu m'inspires, beau matin
Belle Aurore, incommensurable beauté
Comme je te porte dans mon cœur
Douce aube, ma citadelle
Tu insuffles l'être à mes lettres
Tu es mon encrier et ma muse
Tu es ma source d'espoir et d'inspiration
Tu es mon Olympe, mon refuge, mon Acropole
Yaovi Fabrice Agblemagnon,
24 ans, Lomé (Togo)
Péripéties métropolitaines
Claac ! Me voilà propulsée dans un autre monde
Propice à la furtive rêverie, vagabonde.
A travers la vitre du wagon, l'évasion !
Les yeux rivés dans la profonde obscurité
D'inédites aventures me font imaginer
Toutefois ponctuées par l'annonce des diverses stations.
Do, mi, sol, mi, do, le métro s'emplit de nouveau
Et ma suave chimère me ressaisit aussitôt.
Le voyage physique et cérébral continue
Do, mi, sol, mi, do, les gens davantage se muent.
Me voici ainsi, contre la fenêtre embuée, la joue glacée,
A contempler mes imaginatives élucubrations entrelacées.
Do, mi, sol, mi, do, la rame, peu à peu, ralentit,
Dessinant alors la prochaine station, dans un sifflement aigu inouï.
Abruptement arrachée à mes distrayantes billevesées,
Je n’ai de choix que cette humaine nuée en gare de discerner.
Soudain, comme un spittant choc électrique parcourt ma pupille,
Mon fébrile cœur frétille, mes mains vacillent,
En apercevant cette sublime silhouette au loin qui scintille.
Nos regards se croisent, et se percutent encore, foudroyante aimantation,
De joyeux sourires s’esquissent, fabuleuse attraction,
Un rougissement empourpré se peint, étonnante communion,
Une commune ardeur secoue nos êtres, spirituelle lévitation.
Do, mi, sol, mi, do, le temps, un délicieux instant, s’était arrêté,
Do, mi, sol, mi, do, en un battement de cils, la silhouette s’est dissipée,
Do, mi, sol, mi, do, mes pensées doivent cesser
Afin de, sur le quai, m'éclipser. Ecoutez :
Attention à la marche en descendant du train !
Eh bien, cela n'est rien, je reviendrai demain !
Anne-Laure Rivière,
22 ans, Université Paris 1 Sorbonne
MES VIEUX
À Biban et Marie-Rose Abomo-Maurin
Taris et périmés.
Les visages entaillés par le Temps.
Arrivés à l’âge de l'obsolescence.
Mes vieux, aujourd’hui asséchés par une vie gorgée de sacrifices,
Sont les victimes d’un monde trop moderne, d’une époque qui a très peur de vieillir.
Mes vieux sont méprisés.
Ce siècle toujours innovant n’a plus besoin de ces épaves, de ces esprits estropiés.
Mes vieux sont délaissés.
Cette ère les parque dans des maisons de repos et d’oubli.
Eux, qui ont tant travaillé pour nous, sont désormais
Les loques,
Les parias,
Les rebuts d’une société jeunophile qui oublie qu’elle vieillira.
Mes vieux m’ont donné tant de vie
Qu’ils n’ont plus de vie en eux.
Je les vois suffoquer et s'étioler.
J’entends leurs cris sans voix.
J'ingurgite leur désespoir
Aussi bien que leur dévastation.
Non !
Mes vieux ne sont pas morts.
Ils ne sont pas encore morts.
Ils vivent une vie funéraire sous l’indifférence la plus injuste.
Brisés, Éreintés,
Déchirés dans une nuit qui resplendit,
Ils ne savent à présent vers quelle main se tourner.
Astrid Dylane Medjo Essam,
24 ans, Douala (Cameroun)
Ombre d’une bonne étoile
Laisse-moi m’enfuir du gouffre béant,
J’ai la lueur au bout des doigts.
Je l’effleure le jour du trépas...
Pourquoi je ne me libère pas maintenant?
Tournent autour de moi les lumières
Blanches d’astres inhospitaliers
Qui défilent sous mes yeux crevés,
Désastre médicinal échoué.
Petites mains quel dur labeur
D’éradiquer de mes entrailles
Le glas devant sonner mon heure,
Car certains trains de vie déraillent.
La faille ouverte est recousue
Du fil rouge d’un cœur fendu.
Fin d’une vie à l’avance ensevelie.
L’éphémère au creux des paupières.
En me réveillant dans ce second lit,
J’endors le cauchemar d’hier.
Clémence CAULIER
19 ans, Erquinghem-le-sec (59)
Mon rêve d’hier et d’aujourd’hui
Quand je vois les feuilles danser dans les arbres
J’ai hâte de me transformer en vent
Pour accompagner le bruissement des feuilles
Qui exalte et accompagne le temps qui s’enfuit
A l’ouïe du souffle du vent
Dame Nature rit aux éclats
Sans tâcher sa splendeur qui m’obsède
Quand je vois la nature pleurer de rose
J’ai hâte de me transformer en pluie
Pour catalyser la verdure et la splendeur du paysage
Qui enivre les zones désertiques en oxygène
En observant Dame Nature fleurir
Telle une cantique la mélodie des oiseaux
Nous partageons sans cesse le secret du Rossignol
Quand je vois le ciel en pleurs
J’ai hâte de devenir une averse
Pour remplir les cours d’eau qui se sèchent
Au grand dam des plantes et des hommes
L’Eau : le Trèfle à quatre feuilles
Aide tout Roseau à braver la Haie
Je suis pluie comme l’espoir qui luit
Quand je sens le souffle du vent
J’ai hâte de me transformer en zéphyr
Pour parcourir les zones des Epées croisées
Comme une flûte je psalmodierai la Paix
Là où l’amour et la concorde sont mis
Aux oubliettes contre le vivre ensemble
Vivre ensemble censure la discorde
Quand je regarde le soleil briller au zénith
Je prie Dieu pour vivre longtemps
Afin de m’instruire de la constance du soleil
Signe de persévérance et de dévouement
Le lever du soleil fait naître l’espoir
Derrière la silhouette du soleil
C’est l’âme de ceux qui avancent contre vents et marées
Quand je vois l’horizon meubler d’oiseaux
J’ai hâte de me transformer en Aigle
Pour défier Bourrasques et Tempêtes
Les grandes victoires s’acquièrent dans la tourmente
Le désespoir nous enivre de sa sève perfide
Quand des lamentations s’érigent en hymne
L’on vit quand on décide de se battre
Quand le silence hante mes nuits
J’écris pour psalmodier les voix du silence
J’écris pour magnifier Dame Nature
J’écris pour honorer le ciel de ses pleurs
J’écris pour blâmer le désespoir
J’écris pour répondre à l’appel de la Muse
J’écris pour s’éterniser …
Dô Dao,
23 as, Étudiant en Lettres Modernes à l'Université Norbert ZONGO de Koudougou (Burkina Faso)
Je crie, j’écris
L’humanité est ébranlée dans sa chair profonde
Un nouvel Ordre s’impose au monde immonde
Coronavirus, petit machin venu des confins du lointain
Coronavirus, par-dessus le droit et les lois nargue l’humain
L’Homme conscient et puissant chute du haut de sa fragilité
Le géant conquérant blindé s’écroule sur son armada de vanité
Le têtu convaincu sans faille n’est qu’une brindille sans taille
L’intouchable bouclier sans maille n’est qu’un bastion en paille
Un minus virus épique lance des piques à la terre hérétique
Haro sur les bombes qui grondent et les missiles balistiques sur cric
Les armes ne crépitent plus, les balles ne sifflent plus, silence !
Dehors, l’ennemi invisible chante la litanie de l’impénitence
Le Monde se plonge dans un nouveau souffle plus humain
Plus de pollution inhumaine
Plus de feux de brousse
Les animaux s’entrelacent en brousse
Ce petit à l’appétit vorace gagne les paris perdus de nos échecs
La Libye sourit en jaune sur l’alibi de l’or noir des cagibis à sec
Du Yémen à Ankara en passant par Damas, amen, on s’enlace !
D’Israël en Palestine, sur des disques de platine, on s’embrasse !
Cessez le feu, Corona en vue aux larges des côtes qui s’étendent !
Ne tirez pas, je viens en ami, Corona est l’ennemi à part qui fait bande !
Corona, comme à Kirina a remporté une bataille et prépare la guerre
Corona gouverne sur les hécatombes de l’humanité de la guéguerre
L’antidote est là, les hommes sont las d’aimer, la paix est aux abois
La Délivrance est au bout de la foi qui se ploie au pied de la Croix
Le Salut est à l’ombre du Croissant lunaire qui luit sans cesser d’éclairer
La Rédemption porte les marques d’une tradition oubliée et altérée
`
Hamidou ZONGA,
23 ans, Ouagadougou (Côte d’Ivoire)
Fautes et Regrets
Une main sur le cœur
L'autre posée sur ma tête
Un pied sur mes peurs
L'autre posté sur la crête
Un œil sur le passé
L'autre braqué sur l'avenir
Le fil du temps cassé
Je recouds mes souvenirs
Assis sur la côte
La mer est pleine de remords
Perché sur mes fautes
J'ai vu la vallée de la mort
Douleurs en amont
Mes chagrins creusent des tombes
Mes sentiments morts
Sur mon cœur, poussent des ronces
Trop plein d'émotions
Mes larmes débordent
Les cauchemars à fond
Le sommeil est de plomb
Au tombeau des lucioles
Mes paupières bourdonnent
Refrains d'illusions
Mes vers chantonnent
Perdu dans les sombres ruelles
J'ai rêvé de la lumière
Tourné sur le revers
La médaille est en fer
Dans les tréfonds de mon âme
Coule une rivière salée
Contre les vagues de mes larmes
Je me jette, le corps lacéré
Sort d'un naufragé
Mes espoirs ont coulé
Sur la côte foulée
Mes rêves ont échoué
Les membres amputés
La vie ne cesse de me buter
Peut-être est-ce bien mérité ?
Peu importe, j'étais las de lutter.
Pour ne les avoir jamais brisés
On ramasse les pots cassés
Pour n'avoir rien semé
On récolte le mal germé
Alors on sème, on égrène
On casse, on fendille
Assoiffé de haine
L'amour, on mendie
Une main sur le cœur
L'autre posé sur ma tête
Un pied sur mes peurs
L'autre posté sur la crête
Un œil sur le passé
L'autre braqué sur l'avenir
Le fil du temps cassé
Je recouds mes souvenirs
Assis sur la côte
La mer est pleine de remords
Perché sur mes fautes
J'ai vu la vallée de la mort.
ZOTO Kossi Ruben,
20 ans, Étudiant en droit, Université de Lomé (TOGO).Fautes et Regrets
Pour l’éthique de la terre
C’est au cœur de la Nature que je cherche
L’amour, la beauté, le bonheur
Ici ou à d’autres horizons
Ici ou sous d’autres cieux
J’apprends l’éthique de la terre
J’apprends les nouveautés de l’écologie
Les principes de la survie
Les règles de l’harmonie
La Nature en Moi et Moi en la Nature
C’est au cœur de la Nature que je trouve
Mon souffle, ma foi, ma raison
Ici ou à l’autre rive
Ici ou à l’autre monde
J’apprends à penser comme une montagne
J’apprends à devenir médecin de la Nature
À réinventer les oasis
À réinventer les serres
La Nature en Moi et Moi en la Nature
Ma conscience s’éveille à chaque nouveauté
Près de la Mère-Nature ma science veille
Je panse ses plaies, mes plaies
Elle panse mes plaies, ses plaies
La terre tourne, on compte le temps
On compte le temps, la terre tourne
Pour l’éthique de la terre, je veux vivre un jour de plus
Je veux franchir les frontières de mes pensées
Au-delà de mes peurs, découvrir la panacée
Reconnaître les traces de mon existence
Renaître dans la mouvance du temps
Épouser gaiement chaque jour la Nature
Et lui offrir mon amour de par mes moindres gestes
Miclose Mauricelle Fotue Youovop,
22 ans, Yaoundé (Cameroun)
Les oubliés du Père Noël
Le bonheur, ce mets rare dans notre enfance !
Alors que j’y pense :
On était tout le temps en grève de faim,
Mais sauf que nous, on ne revendiquait rien.
Nos rêves étaient tout le temps sous embargo
Dans le monde réel, ils ne pouvaient faire un saut.
On se refusait souvent de pleurer,
Non pas parce que la douleur, on savait la leurrer,
Ni parce qu’on était résistant ;
Mais depuis longtemps,
On a tant pleuré qu’on a peur de se déshydrater.
L’arithmétique n’était pas notre apanage,
Compter sur les autres était notre mirage.
Il pleuvait des balles réelles sur nos toits
Et le chemin pour fuir était tout étroit ;
Tout le temps, dès qu’une balle était tirée
C’était notre bonheur qui était massacré
Et des ruisseaux de notre sang versé,
Sur notre sol, coulaient.
Notre ville était tout le temps morte,
Empoisonnée par la haine, la cruauté et la honte.
Nous, on a beau été sages et doux
Mais le père Noël n’est jamais passé chez nous.
Nos derrières étaient déjà habitués aux pères fouettards
Qui prenaient souvent différentes formes tôt ou tard :
ADF, M23, FDLR, RCD, EBOLA …
Si on ne pourrait citer que ceux-là.
Les festivités de Nativité, nous, on les passait à espérer ;
Puisque tous nos vœux étaient souvent stériles ;
Le facteur du ciel les oubliait sûrement dans son sac à lettres.
Des questions du genre :
« Dieu existe-t-il vraiment ? » taraudaient nos esprits ;
Par contre nous n’avions nuls soucis
De nous demander si le diable lui aussi existe !
Car lui on le voyait déjà chaque jour sur nos routes,
Violant des vieilles femmes et des bébés,
Brûlant tout un village avec ses habitants ;
Pas plus besoin de demander s’il existe vraiment.
Nos ventres étaient souvent creux, vides
Et nos esprits remplis d’espoir.
Papa Noël, s’il te plait,
Si bonne fortune faisait que tu lises mon texte ;
N’oublie pas de trouver même un prétexte
Afin de venir nous visiter aussi, nous enfants de Beni.
N’oublie pas nos cousins du Kasaï et nos frères d’Ituri ;
On a beau être sages mais tôt ou tard
Tu ne nous envois que le père fouettard.
Sharon Ngandu Biangula,
25 ans, Université de Kinshasa (RDC)