Concours international de poésie
« Matiah Eckhard» 2023
Mentions spéciales « Université »
Le chant de la Mère
N'entendez-vous pas, fils et fille ?
Le chant de la Terre
Ce berceau de vie
Entendez ma prière
La brise maternelle de l'air
Le cycle continue de la mère
Cet écho de tout ère
Essence de l'osmose printanière
Il résonne en chacun
Prince, paysan, faquin
Ce paisible souffle originel
Cette douce voix, l'accalmie éternelle
Ne ressentez-vous pas ?
La tendre chaleur de l'étincelle
Héritage d'un futur trépas
Au cœur de nous sommeille
Que vos sens s’éteignent
Que le vide vous emplisse
Que votre respiration ralentisse
Pour mieux l'écouter
Laissez vous partir
Laissez la berceuse vous endormir
Laisser la paix revenir
Pour mieux ressusciter
L'immensité de la création
Infinie cosmos, multiples dimensions
Chacun entend la respiration
Le refrain de cette chanson
Écoutez tous,
Enfants de l'univers
Écoutez tous,
Le chant de la Terre
Enzo Tahhan
19 ans, Colombier saugnieu (69)
Chant de veillée
Alors que les étoiles s’allument une à une
Et que brille joyeux notre feu de camp
Chantons, camarades, chantons jusqu’à l’aube
Car nous sommes ensemble et la nuit nous appartient
Sous la voûte étoilée, dans les rayons de lune
Nos chemins s’ouvrent et la route nous attend
Chantons, camarades, chantons jusqu’à l’aube
Car quoi qu’il advienne nous nous retrouverons demain
Des plaines éternelles aux océans sans fin
Résonne jusqu’à nous la promesse du destin
Dans les vallées profondes aux ruisseaux argentins
Sommeillent les espoirs dont l’écho nous parvient
Par-delà les rivages obscurs aux mille dunes
Où les vagues et l’écume tissent le cours du temps
Chantons, camarades, chantons jusqu’à l’aube
Et que nos épées jamais ne soient loin
Nos âmes sont unies et nos voix ne font qu’une
En ces lieux de bon aloi s’élève notre chant
Chantons, camarades, chantons jusqu’à l’aube
Au coeur de la nuit les heures sont sans fin
Inscrit dans nos mémoires avec les mots d’antan
Gage de fidélité est ce précieux serment
Par notre loyauté nous vivons protégeant
Nos terres inestimables éternellement
Épreuves surmontées pour défier l’infortune
Nous progressons toujours pareils aux ailes du vent
Chantons, camarades, chantons jusqu’à l’aube
La victoire nous attend elle est dans le lointain
Contrées aux cent rivières, flots brumeux et lagunes
L’horizon vallonné sera notre campement
Chantons, camarades, chantons jusqu’à l’aube
La concorde et l’espoir sont au creux de nos mains
Rêveur émerveillé l’éther aux mille runes
Reflété dans ses yeux le gardien à la hune
Guette fidèlement à travers la nuit brune
Le coeur plein de confiance et sans entrave aucune
Tandis que naît l’aurore le joyau de la lune
Diffuse jusqu’à nous son halo bienveillant
Chantons, camarades, chantons jusqu’à l’aube
Que les étoiles vous bénissent et veillent sur nos liens
Anne-Klervi Vialar
21 ans, Buc (78)
LE SPLEEN
Nous sommes les enfants de la même douleur.
Chaque jour on subit les affres de la guerre.
La vie aise chez nous a changé sa couleur ;
L’aurore de la paix nous cache sa lumière.
Nous sommes entourés par les hommes vicieux,
Qui nous tuent sans remords dans notre république.
Ils violent nos mamans devant nos humbles yeux ;
Ils brûlent nos maisons par un pouvoir mythique.
Nous sommes devenus la risée du voisin.
Nous sommes innocents parmi tant des racailles.
Ils ont volé nos biens, brisant notre destin ;
Nous subissons le sort de nombreuses batailles.
La fille de seize ans est violée par un vieux
D’au moins quatre-vingt-ans ! Ça se passe en Afrique.
Le soleil de chez nous éclaire d’autres cieux.
Notre azur est noirci par un sort maléfique.
O Dieu le monde entier ignore notre nom !
Nul ne vient au secours d’un peuple qu’on massacre.
Notre aurore de paix n’est plus à l’horizon.
Dieu nous te supplions : que ton Esprit consacre
Des hommes inspirés pour sauver l’univers.
Nous avons tant subi les peines, les carnages,
Les tueries, le viol et les crimes amers…
Voici le temps d’aller vers les somptueux rivages,
Dominés par l’amour, l’espérance et la paix ;
Ne laissons pas ce temps briser notre existence.
Ce feu qui brûle en nous disparait à jamais.
L’étoile de l’espoir nous ouvre à la décence.
Gardons la tête haute et recréons l’amour ;
Levons-nous chers amis pour essuyer nos larmes ;
Espérons que demain sera un nouveau jour.
Le bien triomphera sur les maux et les armes.
Janvier Antonio MUHINDO MIREGHO
24 ans, REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, De BUTEMBO (province du Nord-Kivu)
Université de l’Assomption au Congo, deuxième année de licence (LMD), PHILOSOPHIE
L’Arabesque des cieux
Le jour éteint l’Idée,
Comme une bougie qu’on souffle,
La lumière l’emmitoufle,
Avant de l’étouffer
Le Verbe est capricieux,
Délicieux sous son voile,
Pour descendre des cieux,
Il attend les étoiles
La Voix voit l’abreuvoir,
Lentement se remplir
C’est de là qu’elle tire,
Sa source et ses histoires
S’y mêlent les parfums,
Les souvenirs ridés,
Dans ce philtre épuré,
Sont noyés les chagrins
Le Poète est passé,
Assoiffé, dans le soir,
Et dans cette lueur noire,
Des mots il a péché
Alors il en a fait,
De ses deux mains habiles
Aussi maudit soit-il,
Le plus beau des harnais
Le lendemain, pressé,
Alors que midi sonne,
Les voisins il étonne,
Car au ciel agrippé…
...Le poète soucieux,
De son lasso fidèle,
Re-formait l’éternelle
Arabesque des cieux !
Jacques Leandri
20 ans, Montrouge (92), ESPCI Paris
Ephémère
Sous les étoiles rieuses et le bel été,
La rose rouge et l'amour majestueux,
Sont signes d'éternité, promesse et vœux.
Les cœurs ensorcelés ne voient pas le danger.
Soudain le ciel se déchaîne, voilà l'hiver,
Les pétales se fanent, emportées par la brise,
Trahison, mensonges, jalousie et surprises,
Les épines font mal quand tout est découvert.
Février, vêtu d'un manteau de désespoir,
Chante ses pleurs en admirant le soleil noir,
Les cœurs se serrent mais les pleurs se libèrent.
Les couleurs s'estompent avec évanescence
Fantômes d'un amour qui a perdu son sens,
Tout est éphémère, à la fois doux et amer.
Claire Morrier
21 ans, ENS Paris Saclay
Un mot sur le toit du monde
Entends
Ces peuples aphones aux gosiers enduits de supplices
Sous les lunes et lagunes piétinés.
Entends leurs notes,
Chair de leur espérance,
Chair mordue goulûment par haine et vengeance.
Entends
La clameur du silence où se dissimulent ces filles violées
Qui déclament leur douleur dans les faubourgs de l'inaudible.
Où donc la fougue dans leurs voix ?
Que dit la symphonie de leur silence ?
« Paix, oui unité ! »
Entends
Le triste froissement du vent,
C'est la sylve du Lebialem qui geint à l'approche d'un missile.
Entends
Ces âmes qui dansent le chahut le long de la vallée,
Ce sont ces enfants assassinés qui pleurent, forcés de rejoindre les labyrinthes de la nuit.
Que veulent-ils, Ces enfants de Kumba et d'Ekondo-titi ?
Que disent leurs pas lourds sous le tam-tam des grenades ?
« Paix, oui unité ! »
Entends
Les balbutiements de ces bouches qui implorent barbouillées de terre
Sur le sable sourd du sang
Entends
La musique de ces cœurs vibrants,
Ces blessés oubliés que la mort finira par épouser,
Entends
L'écho de leurs doigts qui fouillent à tâtons le terreau du Nouvel que nous espérons :
« Paix, oui unité ! »
Quand la terre roucoule de détresse,
Agenouillée sur la sueur de son agonie.
Les violons nourris par notre ire frémissent les rhapsodies de nos tourments.
Nos aimés immortels, menthe de nos aspirations, ciment de nos pieds ;
Raniment la flamme de nos veillées.
Sur le toit de nos maux,
Nous tissons une laine sans haine.
Nous mâtinons nos voix
Et nous clamons un mot,
Aux papillotements flatteurs du zéphyr vivifiant,
Cristallisant l'horloge des flots frisés de ce printemps.
Un mot à la passion ardente de l'étreinte de l'azur,
Un mot au goût de vent, de mer et de liberté.
Le soleil fugue inlassablement sur nos toits,
Illuminant d'une offrande mourante
Les vestiges de nos mémoires,
Petits étincellements épars d'aurore dans le hameau.
Nous clamons un mot, entends ce mot
Qui ranime le souffle sur les vestibules des hypogées,
Un mot qui remédie à tous les soupirs,
Qui caresse le dôme d'olives et de rameaux.
Ce mot est cette paix que nous cherchons,
Cette aube neuve que vernissent justice et pardon :
« Paix, oui unité ! »
Sara Timb
23 ans, Yaoundé, Cameroun, Université de Yaoundé I
J'écrirai toujours
J'écrirai toujours
Tant que ma plume chantera
Tant que la pluie m'enchantera
Tant que la solitude m'ôtera
De l'aura d'une communauté
Citadine et mondaine
J'écrirai toujours
Chaque jour
Au couché de la lune
Dès le lever du soleil
J'écrirai toujours
Tant que le temps
M'accordera son temple
Son espèce d'espace
J'écrirai toujours
Chaque jour
Pour ensemencer
Ces feuilles fertiles
De mes proses si utiles
J'écrirai toujours
Chaque jour
Pour défier la mort
Pour assumer mon sort
Pour me retrouver au bord du lac bleu
Pour voir passer mes remords
J'écrirai toujours
Tant que le vide chantera,
Tant que la vie m'enchantera
Tant que le silence m'enverra
Sur la véranda des morts
Afin que de mes mots
La pluie de la vie tombe...
Faustin Lucarde MIHINDOU NDONG
21 ans, Libreville(Gabon)
Au centre
Au centre de la vie
Oublie tous tes soucis
Oublie jusqu’à la nuit
Ouvre les portes de l’infini
La clé, écoute ta poésie
Au centre de la lumière
Ferme tes paupières
Adresse des prières
Au Dieu que tu vénères
Dans les airs, les mers ou sur terre
Au centre de la beauté
Rabaisse donc ta fierté
Avoue lui la vérité
Si tu veux vivre à ses côtés
Pour l’éternité
Au centre du matin
Tu peux changer de chemin
Tu peux changer le lendemain
Croies juste en l’œuvre de tes mains
Pour bâtir ton destin
Au centre du temps
Ressens l’instant présent
Ne pense plus aux absents
Comme un roi sans divertissement
Comme une femme sans son amant
Au centre du cœur
N’aie plus jamais peur
Évite le malheur qui leurre
Évite la douleur qui leurre
Y’a que le bonheur qui donne la bonne heure
Au centre de la ville
Malgré les regards hostiles
Un cent ou bien mille
Tu peux encore aller en exil
Tu peux encore avoir un asile
Au centre de ton corps
A raison ou à tort
Ils pensent que tu es mort
Mais ton âme comme par un sort
A juste changer de décor
Au centre de la vie
Oublie tous tes soucis
Oublie jusqu’à la nuit
Ouvre les portes de l’infini
La clé, écoutes ta poésie
Moïse KAMGUEN MOAFO
25 ans, Douala (Cameroun)
Comment réinventer l'humanité ?
Ici et là-bas
On entend, tout le temps, des balles, des épées s'éclater
Ça tue, ça brûle les hommes, chaque fois, sans pitié
Pour quelle vie, nous battons-nous ici-bas ?
Chaque jour
Comme toujours
L'espoir perd ses ailes
Il s'éteint, s'effrite au fil du temps
On voit les femmes être violées
On voit les maisons être brûlées
Et au-dedans d'elles, des enfants pleurer
Où vas-tu comme ça, chère terre ?
Par-ci par-là
Des obus explosent
Ça explose pour détruire, ravager les êtres
Mais, que fait-il qu'on se haïsse autant ?
Il faudra rallumer notre flamme pour
calciner nos haines et rancunes
avec lesquelles rien ne va, rien ne
dure tout échoue, tout se consume
C'est ainsi que nous réinventerons
l'humanité
en s'aimant, tout simplement.
Innocent Mwendo
22 ans, Goma, RD CONGO
Université de Conservation de la Nature et de Développement - UCNDK-GOMA
Les pleurs d’un lac
Ce grandissime et immense lac a des origines très paléontologiques
Et son histoire est aussi vieille que la terre
De par sa capacité nourricière, sa protection, son passé mythologique
Ce lac est le roc de notre civilisation légendaire
Parti en fumée, invraisemblablement, depuis une époque immémoriale
Il continue d’exister par métamorphose
En son honneur s'organise, chaque saison, un hommage phénoménal
Car nous ne comptons pas faire une pause
Des millions d’êtres vivants aux alentours des lagunes dépendent de lui
Ceux-ci lui réclament toujours davantage
Lui, mu par un sain amour, ne leur refuse jamais rien malgré leur ennui
Hélas l’homme fait de lui son éternel gage
Aujourd’hui, de long en large, notre magnifique habitat lacustre se meurt
Sous les yeux insouciants de l’humanité
Il faut reconnaître que le monde où nous vivons est décidément sans cœur
Il est guidé par un âcre goût de l’insanité
Face à l'envahisseur et l’impitoyable exterminateur changement climatique
L’ennemi déclaré mais vu comme un spectacle
Le Lac-Tchad, le bien commun, se dresse comme un rideau de fer aquatique
Une COP saurait lui trouver un remède miracle
Le Lac-Tchad crie à l'aide, mais son clapotement ne dépasse pas nos frontières
Et la réaction internationale n'est pas visible
Même la mère nature lui refuse son secours: pas de pluie une saison tout entière
Pour vivre, il recourt à des solutions invisibles
Plaider pour le Lac-Tchad, c’est plaider pour la survie de toute l'espèce humaine
Sans ce lac, notre commun avenir est en jeu
Une lutte sans merci doit commencer sinon notre maison manquera de graines
Ce combat doit être à la hauteur des enjeux
Dans la victoire, nous pourrons célébrer nos mariages aux bords de ses rivages
Et ses vagues emporteront nos pleurs
La paix, le bonheur, l'amour et la passion chasseront de nos cœurs les clivages
Et on corrigera pour toujours nos erreurs
Asnodji Nadji Brière
23 ans, Université de Maroua (Cameroun)
Poétisons
L’expression de la muse au passé, présent et futur
Laisse dans ma vie une magnifique appogiature
C’est un étrange cocktail de mots qui s’allume
Une euphorie éprouvée qui fait accélérer ma plume
Quand dans la vie les larmes sillonnent en errance
La poésie, une consolation, une note d’espérance.
Elle est mon refuge et mon appui, sans elle je suis affaibli,
Son absence me rapproche d’un corps plongé dans l’inertie.
J’écrirai sur la pierre les traces indélébiles de la mémoire,
Les vielles fantasmes qui tarabustent mes nuits noires
J’écris les vies qui s’achèvent,
La faune, la flore, la réalité, les rêves.
La poésie, cette rose
Que je porte encore dans mon coeur morose
Comme un porte bonheur,
Et qui me rappelle mon enfance, pleine de tendresse et d’ardeur.
Ma poésie c’est tout mon univers
Mes rimes, et mes vers
Qui me redonnent vie
Quand je suis à l’agonie !
Car la poésie crée dans les coeurs des rêves, des frissons
Poètes de toute la terre, poétisons !
Schinailly Cineus
22 ans, Ouanaminthe, Haïti