Concours international de poésie
« Matiah Eckhard» 2024
Mentions spéciales « Lycée »
Sehnsucht
L’étourneau perché sur l’antenne
Gazouille au lever du soleil,
La matinée est d’une exquise transparence
Et la nature me ravit de sa présence.
Lors j’observe ma coupe de porcelaine
Et me plonge dans le monde dont elle est pleine,
Les reflets ne sauraient rester inchangés
Je passe de l’écume de jade à l’or safrané.
Les fleurs d’orangers m’embaument de leurs fragrances
Je plonge mes lèvres une première fois avec retenue
Et mon esprit s’abandonne, quelle réjouissance
J’entrevois les premières images de cimes et collines lointaines
La mélancolie des terres jamais foulées me prend
Alors je bois la seconde coupe, qui rompt ma solitude
Et je poursuis, la sueur s’évacue en me purifiant
À la huitième, j’atteins la béatitude.
Le thé a ses ivresses, inconnues du vin
Avec les colombes pour compagnons de ce séjour divin
Alors je repars, las, quand au loin le soleil ploie
Et laisse la nuit au crépuscule zébré qu’elle boit.
Valentin ROSPAPE
17 ans, Lycée Arago de Perpignan (66)
Je ne suis qu’un simple soldat
La nuit et le jour s’embrasent
Les hommes se confondent
La boue devient sol
Le plomb devient air
Génération sacrifiée
Ils sont chairs à vivre
Nous sommes chairs à canon
Les seuls oiseaux sont du fer
La nuit éclairée aux fusées
Le jour tâché au sang frais
Le métal crachant le fer
Les tranchées crachant l’homme
Ô toi rat roi grouilleur
Et toi gaz noble tueur
Réjouissez vous des bouffeurs de terre
Et danser avec les bouffeurs de plomb
Habit bleu habit noir
Casque noir casque bleu
Quelques différences nous mangent
Milliers de milliers le jour
Dizaines de dizaines la nuit
Centaines de centaines sans bras
Les sans jambes courent aux front
Derrière, rondins droits et fusils nous attendent
Les Maximes jouent la Campanella
Les sifflets donnent le La
Nous valsons entre les cratères
Les barbelés nous dénudent
Entrons visiter la saignée adverse
La plupart jouent à cache-cache
Quelques, chassent au fusil de trancher
D’autre encore aurons les mains liées
Les gros dessinent des plans
Ils sont à cent lieux d’ici
Verdun, victorieuse, ne cédera pas
Nous, soldats, exécutons les dessins d’enfants riches
Nous, troufions, sommes à cent mètres des aigles
Verdun, la grande, elle, ne mourra pas
Nous adoptons la chanson de Craonne
Adieu la vie, adieu l’amour, nous sommes les sacrifiés.
Emilio MOLERO
16 ans, Lycée Henri IV, Béziers (34)
Les mots face aux maux
Dans cette société où on like, où on aime
Je me suis mise en tête d’écrire poème
Les rimes et les vers traversent mon esprit
Comme des éclairs, comme des furies
L’écriture n’est pas une torture
Y’a des lieux où on la censure
L’écriture est comme le plus beau des étendards
Qu’on brandit contre les armes ,contre les chars
Des mots face aux maux pour guérir des blessures
Se réchauffer sous la première couverture
J’écris, je rature parfois des mots durs
Qui semblent minuscules, qui semblent sans futur
Puis viennent les mots roses des mots qui nous proposent
Des lendemains de joie, un avenir moins morose.
Anna-Lou Subirats-Fuster
15 ans, Seconde, Lycée Paul Sabatier (Carcassonne)
Le foudroiement de l’arbre
Bryan Sagnier
18 ans, Lycée Jean-Baptiste Dumas (30)
Cultiver l’espoir
Dans un monde brisé, je cherche la lumière,
Parmi les ombres immondes, où tout semble se défaire.
Dans un monde brisé, je cherche la lumière,
Car des tréfonds sombres, j’espère renaître.
En l’infime abîme de nos âmes tourmentées,
Se cachent des éclats de vie désespérément cherchés.
Et dans nos cœurs sincères, je trouve une lueur,
Où l’amitié et l’amour sont sources de bonheur.
L’amitié comme un phare, dans la nuit obscure,
Une boussole dans le noir, qui murmure d’une voix sûre.
Dans les rires et les larmes, elle tisse sa toile,
Nous offrant un refuge chaud dans le froid du voile.
L’amitié comme un lien qui jamais ne fléchit,
Qui dans les tourments du temps, survit et s’enrichit.
Malgré les rires et les pleurs, elle reste fidèle,
Telle un trésor précieux, une flamme éternelle.
L’amour quant à lui, ce doux poison qui enivre et consume,
Ce doux feu dévorant qui ravive et rallume,
Dans l’amertume des vagues, entre délice et brume,
Les larmes de l’amour qui forment une douce écume.
Dans ses bras enlacés, les cœurs s’abandonnent,
Aux délices amers de passions qui frissonnent.
Il célèbre la différence, en unissant les cœurs,
Jouant une symphonie divine, un ballet de douceurs.
Nos larmes versées dans l’ombre de la nuit,
Feront éclore un jour un jardin de vie infini.
Ainsi, dans ce monde où règne la confusion,
Je cultive espoir et compassion, avec minutie.
Alors pleurez, ô âmes égarées et blessées,
Laissez couler ces larmes pour mieux renaître à la beauté.
Car dans ce poème, je dépose mon cœur à nu,
Pour que chacun trouve en lui un écho, un salut.
Candice LENZINI
17 ans, Ajaccio
Le chemin de ma vie
Comme un matin d’été
Je ne fais que de rêver
Mais me voilà, totalement inquiétée
Quel chemin dois-je emprunter
Je ne peux me demander
Comment cela est-il arrivé
Je crois que j’ai enfin trouvé
L’amour dont j’ai rêvé.
Soudainement, la vie me joue des tours
Qui l’aurait cru qu’un jour
Au creux d’un mauvais détour
Elles viendraient me porter secours
Amenant avec elles, leurs brins d’humour
Leurs peaux aux douceurs velours
Sans faillir avec tout leurs amours
Elles m’accompagneraient pour toujours.
Dans ce monde où règne la terreur
Les jeunes enfants ont peur
Dans l’ombre des cris et des pleurs
Les informations ne diffusent que des horreurs
Au loin, je vois des champs de fleurs
En les contemplant, je peux m’y perdre des heures
Et si le soleil couchant apporte de la chaleur
Il réchauffe ainsi mon cœur.
Hélas, le temps n’est plus si joli
Je me sens triste et démunie
On eut dit qu’il s’agissait d’une maladie
Malheureusement mes proches y ont péri
Après de long mois de survie
Le fin mot de la vie, est qu’ils sont partis
Désormais tout cela est fini
J’avance sur le chemin de ma vie.
ALEXANDRE Clémence
17 ans, Lycée Henri IV, Béziers (34)
Autopsie d’une perte
Une âme s’envolant vers un asile mystique,
Une femme sanglotant dans une chambre stérile
Le trouble d’une découverte, froide et hostile
Un cœur écharpé, le regard vide,
Un corps dépossédé, amorphe, livide
Exposé, comme une bête docile.
Tous ces gens-là s’attroupent autour de lui,
Pleurs, rire, larmes, chagrin et nouvelles rides
Regardant d’un œil extérieur …
Ce spectacle se nourrit de douleur
Je sers d’éponge à cette horde de malheur,
En attendant le retour au calme,
Afin de laisser s’exprimer mon cœur
En proie aux souvenirs, la nostalgie
Demeure ma plus fidèle ennemie
Ma main se pose sur la sienne
Mais elle est devenue glaciale, elle est impersonnelle.
Je t’observe te préparer à affronter ton dernier voyage,
Mêle un baiser à ton visage déjà en fuite,
Face à ton corps éteint ma vision se trouble
Et en mon corps se mélangent culpabilité et amour tendre.
Soudain, je vacille, je crie, j’explose
Je ne peux pas accepter, mon estomac implose
Emportée par une vague de sanglots,
Plongée dans les méandres du regret.
Le cercueil se referme
Sur ton corps privé de vie,
Un dernier au revoir, un dernier je t’aime,
Tu pars trouver repos au creux de ma souvenance…
Léa RAMIREZ
17 ans, Lycée Arago de Perpignan (66)
Dans tes yeux...
C'est dans tes yeux, que j'ai tout vu.
Dans tes cheveux, cette légère brise,
Et dans ton cœur, j'ai entrevu,
Toute ta grâce qui nous pulvérise.
Tu m'enlevais avec délicatesse,
De ta bonté qui entoure nos cœurs,
Et qui jamais ne nous écœure,
Tous mes maux, comme une caresse.
Tu donnais tout à tous par joie,
Mais me prenais à moi,
Par peur, tout ce que tu pouvais,
Prendre et ainsi aimer.
C'est dans ce vide, que tout flottait.
Dans son harmonie se secoue,
Telles des danseuses dans un ballet,
Qui avec douceur écrasent tout.
Dans ma conscience, tu étais Mon Altesse,
Car tu m'entourais dans ta beauté,
Et dans tes bras tu me berçais,
Pour que mes plaies disparaissent.
Dans ton élégance, j'existais comme muse,
C'est moi ta poésie.
Dans mon existence, qui n'est plus confuse,
C'est par toi, que je vis.
Pauline FUENTES
Lundi 18 Mars 2024
16 ans, Lézignan-Corbières (11)
Le bus
Tant de gens de passage
Ensembles pour un instant
Odeurs inconnues et pourtant,
Parfois réconfortantes
Et le bus nous amène là
Dans nos directions distinctes
Chemin pris tous les jours
Sans en connaître le but
Routine incessante, le Bus
Nous rouages de l’usine
Mais ou nous mène tout ça ?
Pourquoi rester copies…
Conformes ?
Informes. Comme tous. Comme tout.
Lycée, le Bus
Et se répète la veille.
En attendant j’écoute
Toutes les respirations
Tous ici et pourtant
Plus rien pour nous unir
Je perçoit ton odeur,
Toi perçois-tu la mienne ?
Les minutes puis les heures
Enfermé dans la peine
Tous nos regards son vide
Plus jamais sur les autres
Et voila qu’on arrive
Sans échanger un mot
Nos coeurs dans la musique
Nos coeurs sur internet
Nos coeurs d’abrutis
Nos coeurs ne sont plus nets
Gaÿa Soufflet