Les premiers prix du concours international de poésie «Matiah Eckhard»

édition 2025 

 

 

Premier Prix « Université » (ex-aequo)

 

Les larmes de la plume

 

Dans le silence de l’encrier,

j’écris et je crie,

Sur les pages du temps,

Témoin d’une humanité meurtrie.

Ma plume danse sur la toile, frêle comme un roseau.

 

Imprégnée de la couleur sombre du sang,

Tissant une épopée énigmatique.

Devant le tableau déchirant

De la souffrance et de la violence,

Les mots se forment,

Empreints d’une urgence,

D’une résilience.

Ma plume, jadis porteuse d’espoir, est désormais trempée dans l’obscurité,

Sa patience, érodée par les drames, ne fait que crier sa solidarité.

 

J’écris et je crie,mon cœur saigne,

Mon âme tonne,

Tout mon être pleure sans retenue.

Des destins brisés,des vies ravagées,

Des blessures cachées, la trame de mon récit se tisse

Avec les échos des cris étouffés.

 

J’écris pour dénoncer l’égoïsme sans limite,

Les opprimés oubliés, les droits bafoués.

Les cris étouffés, les rêves fracassés,

Dans cet univers déséquilibré,

La justice égarée.

 

La haine cultivée, des cœurs calcinés,

des larmes versées,des vies malmenées.

Des espoirs écornés, des vérités déformées,

La moralité bafouée,l’ignorance glorifiée,

 

La réalité camouflée, les faits manipulés,

La confiance brisée, des innocents condamnés,

Des âmes torturées, j’écris,

J’écris pour cet enfant, cet adolescent 

 

Au regard perdu dans l’absence,

Pour la mère aux mains tremblantes,

Témoin impuissante de la violence.

Je crie pour les terres abandonnées,

Dévastées par l’arrogance humaine,

Pour les racines déracinées,

Brisées sous le poids de la haine.

 

J’écris pour cet enfant qui crie,

Pour ses rêves brisés sous le poids des non-dits.

Pour ses mains tendues vers un ciel absent,

Cherchant l’espoir dans un monde sourd et distant.

J’écris pour ces larmes qu’on ignore,

Pour ce sourire que l’injustice dévore

Et qui porte l’innocence enchaînée,

Dans une cage de douleurs insensées.

 

J’écris pour la femme qui se tait,

Celle dont la voix s’éteint sous le joug des regrets

Car ayant des nuits hantées de silences glacés,

Un cœur en désert où plus rien ne naît.

J'écris pour cette femme qui marche sur l'écume du désespoir

Prisonnière d’un monde cruel et impassible.

Ma plume devient un cri,

Un souffle d’espoir dans un sombre abri.

 

J’écris pour cet homme perdu dans la foule,

Celui dont le regard sombre trahit ce qu’il refoule.

Il avance, mais ses pas sont lourds,

Sous le fardeau des jours sans retour.

Il cherche un rivage dans l’océan de la peine,

Un coin de lumière dans l’immensité vaine.

 

J’écris pour les cœurs mutilés,

Portant le fardeau des non-dits,

Pour les âmes exilées,

Errant dans le désert de l'oubli.

Ma plume, armée d’encre et de passion,

Trace des sentiers de rébellion,

Elle lutte contre l’oubli,

Elle éclaire les ténèbres infinies.

 

Dans le silence de l’encrier,

Je grave des vérités insoumises,

Des éclats d’un monde oublié,

Où la vie renaît des cendres promises.

Et si ma plume se brise un jour,

Si mes mots se noient dans l’obscurité,

Que leur écho subsiste toujours,

Dans chaque âme prête à aimer.

 

J’écris pour la Terre,

Cette mère qu’on déchire sans prière.

Pour ses rivières qui pleurent leur pureté,

Pour ses forêts, des cathédrales décimées.

Elle porte nos erreurs comme un fardeau,

Elle crie dans le vent, elle hurle sous l’eau.

Et moi, dans le silence de l’encrier,

Je grave ses plaintes sur l’éternité.

 

J’écris pour les rêves oubliés,

Pour les âmes qui refusent de se plier.

Pour chaque étoile qui s’éteint,

Pour chaque destin brisé en chemin.

Car tant que mes mots auront un souffle,

Tant qu’ils feront vibrer une corde ou un souffle,

Je continuerai d’écrire et de crier,

Pour ceux que la vie a oubliés.

 

J’écris parce que la vérité se cache,

Sous des montagnes de mensonges,

Pour les luttes muettes, ignorées,

Pour ces cicatrices à jamais marquées.

Les mots, comme des couteaux dans la brume,

Tranchent le voile de l’oubli, et allument

Un feu sacré qui, dans la nuit, brille

 

J’écris pour la mer, l’océan dévasté,

Pour les vagues qui se battent pour exister,

Pour les plages souillées de larmes et de fer,

Pour les poissons noyés, pour chaque pierre.

 

J’écris pour les enfants qui pleurent en silence,

Pour ceux qui, sans le savoir, perdent leur enfance.

Leurs yeux cherchent des réponses dans l’invisible,

Leurs mains tendues vers un avenir incertain, indicible.

 

Aïchata Coulibaly 

24 ans, Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal)

 

 

 

 

DIS-LEUR QUE JE T’AI AIMÉE.

 

On m’a demandé si je te connaissais…

Quelle question, et moi, qui suis-je pour prétendre te connaître ?

Mais il fut un temps où tes petites mains,

douces comme des plumes d'ange,

frôlaient les miennes.

À cet instant précis, j’ai su,

que l'amour est un battement suspendu dans l’air.

 

Je pourrais dire, oui,

que tu t'endormais quand je te tenais dans mes bras,

que tes frissons étaient ceux du vent,

que tu redoutais la nuit,

car dans l’obscurité, tu ne voyais plus ton sourire.

 

Dis-leur que je t’ai vue,

de toutes ces façons qui restent gravées,

que nous avons arpenté les mêmes rues,

ri autour des mêmes tables,

sous le même ciel,

enfants d’un temps qui ne nous appartient plus.

Dis-leur que dans chaque pierre

où nos pas ont laissé leur empreinte,

nous avons sculpté nos vies,

elles vibrent encore.

 

Dis-leur, Lise,

que je t’ ai aimée comme une rivière aime la mer,

sans retour, mais avec une infinie douceur.

Que ma mémoire te porte,

tandis que ta voix,

quand je ferme les yeux,

m’effleure comme une brise d'été.

 

Dis-leur que je suis resté là,

dans l’ombre de notre amour,

où ta lumière ne brille plus

que dans les éclats de ma solitude.

Que, même aujourd'hui,

ton absence me raconte l’histoire

de nos rêves que l’on croyait éternels.

 

Dis-leur que tu es ma lune,

celle qui brillait dans les nuits de mon âme,

la lumière douce qui berçait mon cœur perdu.

Dis-leur, Lise, que j’ai gardé ton sourire

comme un trésor caché sous ma peau,

que j’ai su sourire, même dans le crépuscule,

et que tu es, au-delà des mots,

ma plus belle histoire.

 

Et puis, dis-leur que notre fille,

ce petit éclat de toi,

fait les mêmes bêtises,

sourit comme toi,

et croit que son regard peut tout pardonner.

Elle est si fière, si têtue,

mais elle porte ton héritage

comme un manteau d’or.

Je la regarde, et je vois

ton reflet dans ses yeux,

ton rire dans ses silences.

 

Toi, qui savais tout de moi,

qui savais trouver la clé de mes peurs,

tu aurais su quoi dire.

Toi, qui savais punir, aimer et pardonner,

tu aurais su…

 

Et moi, je me contente de lui murmurer

que même là-haut,

dans l'invisible,

tu l’aimes encore.

Parce que tout ce que j’ai de toi,

c’est l’invisible,

et ça, ils ne peuvent pas le voir.

 

Lise, tu es partie trop tôt,

trop tôt pour me laisser seul,

trop tôt pour ne pas voir

l’ombre grandir en moi.

Mais dis-leur,

dis-leur qu’au fond,

tout ce que j’ai à dire,

c’est que je t’ai aimée

plus fort que la vie elle-même.

Que toi et moi,

nous avons écrit un chapitre

que personne ne pourra jamais effacer.

 

Et quand je ferme les yeux,

je vois encore la flamme de notre histoire,

éternelle,

dans la lumière de notre fille,

qui sait, à sa manière,

qu’il n’est pas trop tard pour aimer.

 

Mahutondji Racine Esdras SOKOU TONAMON

 

20 ans Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat (Maroc)

 

 


 

Premier Prix "Lycée"

 

Les larmes que j’ai connues

 

Je me souviens de la larme déchirée de chagrin,

Celle qui roulait, incomprise, sur mes joues d’enfant,

Goût salé, écho d’une mer trop lointaine,

Quand son regard s’est détourné, quand son rire ne m’a plus cherchée,

Quand, jour après jour, mes pas vers elle se perdaient dans l’oubli.

Le soir, ma mère murmurait que l’amitié s’efface parfois,

Mais la tristesse, elle, s’accrochait à mon coeur.

Puis un jour, j’ai vu ma soeur pleurer comme moi,

Et j’ai compris que la douleur ne se dit pas, elle se devine.

 

Je me souviens de la larme étouffée d’angoisse,

Celle qui tremblait au bout de mes cils dans une rue étrangère,

L’odeur de pluie lourde, de terre froide et muette,

Quand le monde s’étirait sous mes pas vacillants,

Quand ma respiration n’obéissait plus, sifflante et errante.

Mon père serrait mes mains, sa voix se brisait contre mon silence,

Mais l’angoisse s’infiltrait partout, oppressante, sourde, immense.

Dans ce chaos, j’étais seule, enfermée dans mon propre souffle,

Et la nuit de Madrid me regardait suffoquer.

 

Je me souviens de la larme brûlante de fureur,

Celle qui menaçait de s’écraser dans mon poing serré,

Brûlure fébrile sur ma peau tendue,

Quand les murs se refermaient autour de mon corps trop jeune,

Quand chaque porte était close avant même que je l’effleure.

Prisonnière d’un âge où tout se décide sans moi,

J’ai voulu crier, briser, courir vers l’infini,

Mais mes chaînes invisibles riaient d’un éclat amer,

Et la colère, impuissante, se consumait en silence.

 

Je me souviens de la larme frêle d’espérance,

Celle qui a jailli sans bruit, fragile et sincère,

Cristal lumineux d’un matin réinventé,

Quand je t’ai revue après une semaine d’absence,

Quand j’ai compris à quel point ton rire illuminait mes jours.

Il a suffi d’un regard, d’un instant suspendu,

Pour que la joie s’invite et balaie toutes les ombres.

Cette larme-là n’était ni douleur, ni peur, ni rage,

Elle était la promesse d’un amour qui ne s’efface pas.

 

Et maintenant, je n’ai plus de larmes à offrir.

Elles ont coulé, gravé sur ma peau des chemins invisibles,

Mais elles n’ont pas creusé de vide.

Elles m’ont appris que ressentir, c’est vivre,

Et qu’après la nuit, renaît l’aube.

 

Ilhem Zbaïri,

16 ans, Aimargues (30), Ancienne élève de Mme Vernazobres

 

 


 

 

La force intérieure

 

Dans l’ombre des tempêtes, quand tout semble brisé,

Les âmes valeureuses se tiennent, prêtes à toujours se relever.

Chaque épreuve devient un écho de bravoure

Un chant de résilience, un témoignage d’amour.

 

Les cœurs brisés renaissent de leurs cendres

Car dans la nuit noire, une lueur vient descendre.

Chaque chute est une leçon, une force de se retrouver,

Et dans l’écho du silence, une volonté affirmée.

 

 

A chaque lever du jour, une page se tourne,

Les rêves se tissent, même quand les cœurs se sentent lourds.

La force de nos âmes est de ne jamais abandonner

Car la chute est une chance de se réinventer.

 

Et quand les vagues du doute viennent heurter nos rivages,

L’espoir demeure, tel un phare dans l’orage.

Chaque obstacle est une pierre sur notre chemin,

Un rappel que la force naît du lendemain.

 

Les cicatrices du passé forgent nos destinées,

Chaque épreuve traversée est une victoire à célébrer.

Dans la chute, un élan et une force insoupçonnée,

Car le courage se trouve dans notre volonté d’avancer.

 

Les âmes se relèvent, portées par l’espérance,

Un souffle de vie, une éternelle danse.

Et dans chaque combat, une lumière à embrasser,

Et dans chaque épreuve une raison d’espérer.

 

Farah Salbi – 5ème3

Collège Paul-Emile Victor – Agde (34)

Professeur de français : Mme Eva Martinez