Concours international de poésie 

« Matiah Eckhard» 2025

Mentions spéciales « Université » 

 

Dans mon cœur

 

Dans mon cœur,

Il y a tant de douleurs ,

Tant de regrets ,

Tant de secrets. 

 

Tant de mots non prononcés ,

Tant de reproches encaissés .

Tant de peurs ,

Tant de pleurs. 

 

Tant de souvenirs douloureux ,

Tant de brefs adieux.

Tant de vides jamais comblés, 

Tant d’absences qui me tourmentent. 

 

Tant de cicatrices, tant de blessures,

Tant de ruptures, tant de ratures. 

Tant de cérémonies creuses ,

Tant de paroles trompeuses. 

 

Dans mon cœur, 

Trop de larmes ont coulé à l’intérieur, 

Trop d’hypocrites ont fait semblant de jouer en sa faveur, 

Trop d’abeilles butinent sa fleur. 

 

Dans mon cœur , il y a aussi, 

Cette flamme qui éclaire mon esprit, 

Cette lueur d’espoir qui façonne ma vie, 

Cette plume qui m’aide quand je m’ennuie. 

 

Bedacheley LÉRO

20 ans, Faculté D'agronomie et de médecine vétérinaire (UEH) d’ Haïti

 

 


 

 

Lamentation d'un congolais

 

Âme calcinée

C'est avec mon sang

Que j'écris ce poème

Sous les multitudes étincelles de pleurs

Suspendu par terre

Errant ventre-au-ciel

Des dommages collatéraux

Mon coeur rafale

À la mélodie des kalachnikovs

Au milieu d'un midi

Debout dans mes yeux

Où le sang coule à flots

Le temps est sanguinaire

À la croisée de mes chemins

Balles diagonales

Goma se cagoule de Port-au-Prince

Mes cris

Étouffés dans un silence d'orage

Font blessures à mes tripes

Me réduisant en néant

À chaque pas

Mes orteils nagent dans le sang des innocents

Et encore à chaque battement

Mon sang fait éruption volcanique

Combien de gémissements et de cris

Pour assourdir cette méchanceté

Ceci n'est pas un simple texte

 

Joseph Guerlin

22 ans, Cap-Haïtien, Haïti, New American institute

 

 


 

 

Chaque livre

 

Chaque livre

Que je lis

Me délivre

Et me lie

À moi-même

À chaque phrase

À chaque mot

À chaque tempo ème-po

Émotion naît

Et renaît

Et se termine

À la frontière

Du recommencement

Éternel

De mes sourires vrais

Chaque livre

Que je lis

Me délivre

Et me lie

Aux paroles miennes

Miel de Silence

Suspendus longtemps

Sur l'arbre à poème

Du royaume de mon enfance

Paradis

Eden perdu

Quelque part en moi

Se cache

Un élu ému

Ivre de lecture

Et d'écriture

Âme de lettre pur

Chaque livre

Que je lis

Me délivre

Et me livre

À la quête

Intérieur

De la lyre

De mon âme

Oubliée

Par un ange

Démon démiurge

Dans la cathédrale lumineuse

De la demeure de mon cœur

Chaque livre

Que je lis

Pour délivre

Et m'emplit

D'art

Et d'air

Asphyxier

Je respire

À peine

La paix retrouver

À la marge

D'une page

Au large

D'une image

Défilant

Mille et une fois

Dans le musée de ma mémoire

Haut parloir

De mon âme

Condamnée

À mot

Sisyphe heureux

Qui pèse et qui porte 

Sur son dos depuis longtemps

Tout le poids des livres du monde.

 

Faustin Lucarde Midindou Ndong (alias Domy)

23 ans, Université Omar Bongo (UOB), Libreville, Gabon

 

 


 

 

Ça ira mieux demain

 

J'te promets qu'ça va aller

Un jour t'arrêteras de les écouter

Tous ces enfants du collège pourris gâtés

Te critiquant parce que t'étais pas leur copié-collé

 

J'te garantis pas que la vie sera plus facile

Tu sais trop bien c'que c'est

T'as tellement enduré

Tu sais à quel point ça peut rendre fragile

 

Tu es de ces gens trop souvent rabaissés

De ces personnes rejetées

Parce que jugée comme trop différente

Ta peine devient insignifiante

 

Et une fois que tu crois t'en être sortie

Que le harcèlement feint s'être nourri de l'oubli

La réalité te rattrape de plus belle

Et t'enlise dans les méandres du harcèlement sexuel

 

Passant de dégueulasse à chiennasse

De bouche de babouin à bouche de suceuse

De fille continuellement souriante à fille malheureuse

Le bonheur ne trouve plus sa place

 

Et puisque sous trop de pression tu es effrayée à l'idée de dire non

Tu t'égares dans un enfer sans nom

Oppressée par leur infâme obscénité tu finis par céder

Les laissant disposer de ton corps comme de leur unique propriété

 

Puis tu t'écrases pour espérer échapper à leur vengeance

T'obéis sans jamais répliquer

Et tu fais toujours comme si de rien n'était

Désormais, il est grand temps pour toi de donner une voix à ton silence

 

Alors aujourd'hui tu es là

Tu n'es peut-être pas la plus drôle ni la plus intelligente

Pas la plus forte ni la plus resplendissante

Mais tu es Fanny et crois moi c'est 1000 fois mieux

 

Fanny MAGGI

20 ans, Nancy

 

 


 

 

Épîtres 

Je suis venue à vous par le roulis des larmes 

De ceux que pleurer a de pisse arrosée

Je suis venue frétée du zèle des mots qui se tiennent armes

Pour toutes ces mémoires nostalgiques de rosée

Je suis venue esclave livrée sans barguigner 

Criant d'ire à s'égosiller dans l'antre

D'écrins toujours coureurs de cruauté 

Et pesants du tribut distrait de nos souffrances

Je suis venue à vous par le supplice incessant

D'un peuple laminé par une dictature ardente

Nourrissant à force de népotisme et d'injustices 

L'ire de milles tourmentes dévastatrices

Je suis venue dans les relents des trajets coloniaux

Que de bouches oublieuses encensent à gogo 

Quid de l'histoire qui nous lie mains et pieds 

À nous ballotter telles de méduses ensablées

Je suis venue à vous dans l'écho amorti

D'une jouissance en avance de tyrannie

Je suis venue dans l'offrande d’un soleil moqueur

Du lendemain déjà percé de paresse et de torpeur

Je suis venue par les cendres de nos morts de Gibraltar 

Oui tu sais qu'ils sont bien là entre Tanger et Tarifar 

Où le parfum des lieux qu'ils n'ont point connus 

Baigne et les péniches et les paquebots d'une pâle brune 

 

Je suis venue à vous qu’on me dise qui es-tu 

 

Je suis toutes ses vies

Qui sous les bombes

Poussent leurs premiers cris

Je suis ces morts mal sépulturés 

Parce qu'innocents à en être victimes 

Et ne plus jamais mériter de vivre

Je suis le son de cet ailleurs qui dresse sa tente 

De jours comme de nuits sur le pain blanc

De ceux qui de chez eux n'ont plus que leurs âmes

Je suis cet écrin de verdure 

Qui pleure de sa finitude 

Je suis la catharsis que fouille à tâtons

L'homosexuel que la violence bétonne

Je suis toutes ces femmes ridées  

Par le galop médiocre du patriarcat et des inégalités

Je suis toutes ces nymphes qui crissent

Sur l'autel des verges profanatrices

Je suis tous ces regards assoiffés et affamés 

Qui mendient vainement du sel chez les sauniers

Je suis ce « nous » tant escompté 

Pour nos lendemains lisérés 

D'azur et de verdure.

 

Sara Timb

25 ans, Université de Yaoundé I (Cameroun)

 

 


 

 

GAZELLE ÉBÈNE

 

À toutes ces Louves à l'allure des gazelles,

À toutes ces lionnes qui nous défendent sans trêve,

À toutes ces déesses qui nous sont toujours fidèles,

À toutes nos belles qui n'ont point l'orgueil d'Ève.

 

À tous ces teints sombres scintillant de lumière,

Femmes ébène, vous qui portez nos émois.

À toutes ces sources douces qui édulcorent nos rivières,

Oh gazelles Africaines ! Femmes de foi, femmes de poids.

 

À toutes ces notes musicales percluses en harmonie, 

Dont les notes se jouent encore en catimini. 

Oh gazelles ébène aux tours de reins pleines de vie

Tout le cosmos chante votre mélodie.

 

Votre couleur est en peau d'entente ! Femmes de Victoire ! 

Gazelles éprises dont la bonté est l'étendard,

Vous êtes fières de votre teinture noire, 

Vous qui offrez votre corps sculptural à nos incrédules regards.

 

Être noire, c'est votre devoir,

Mirifique est votre histoire,

Alors soyez heureuses de l'avoir, 

Noire, noire, vous êtes noire. 

 

Perles rares, Diamants noirs,

Femmes souriantes, remplies d'espoirs,

Vous cumulez plus de trois besognes dans la journée,         

La plus passionnante, vous êtes d'être mère au foyer.

 

Dans l'excès, votre amour se verse,

Du vase des peines, il déborde d'allégresse.

Avec intrépidité, il détecte nos failles et les traverse

Puis par des torrents de joie décime nos déluges de tristesses.

 

Vous êtes des gazelles ayant l'élégance des zèbres,

Uniques en votre genre tels nos jours. 

Une flamme qui scintille dans les ténèbres, 

Lumière aux mille facettes, notre Rubik’s cube d'amour. 

 

Vous êtes les sentinelles des recettes ancestrales 

Qui grisent les petits, les adolescents, les mûrs,

Les bisaïeuls. Et par vos chevauchées magistrales

Vous nous comblez autant que des mets exquis et purs.

                                                 

Vous qui plongez le vent dans un mutisme lorsque votre langue délie,

Vous êtes l'oxygène des âmes que la misère à rendu infirme,

Vous qui balayez du simple revers de main nos phobies,

Vous êtes la force qui inlassablement brimé par le droit, s'affirme.

 

À vous, qui êtes à jamais la pierre angulaire de notre Société.

Ô limon fertile de la sève libidinale !

Femmes paysannes, vous, la caisse de résonance des oubliés.

Vous, lumière salvatrice des abysses infernale !

 

Ô indéracinables Amazones du quotidien !

Ô astre radieux du midi, Étoiles de minuit à la force indicible !

Indévissables dans le labeur, vous portez en vous nos biens.

Paix sur vous dont la pureté défie les nœuds de l'impossible.

 

Jacob Israël Koumedji Vossah

20 ans, Université de Lomé (Togo)