CONCOURS DE POESIE « MATIAH ECKHARD » - édition 2015

Mention spéciale « Hors académie »




Les musiciens

 

Viens, le bonheur t'attend là où le vent t'appelle.

Il t'emmène sur un doux chemin de bohémien

Pour que la lumière jouisse au fond de tes prunelles,

Comme les notes d'un jazz font vibrer les musiciens.

 

Écoute, les oiseaux chantent là où le soleil brille

Pour que tes plus grand rêves scintillent.

Les grillons sous la lune te bercent,

Comme le sons d'un piano les transperce.

 

Regarde, la vie volatile te livre ses iris,

Sur le plancher d'une scène compositrice,

Comme les folies d'un artiste les enflamment.

 

Palpe, le parfum du plaisir qui s'enivre jusque dans l'âme.

Il t'exalte dans le frisson d'un jazz enjôlé,

Comme les rimes d'un poète s'écrivent dans les pensées.

 

Laura Dumas

 Lycée Les Sardières, Bourg-en-Bresse




ét(é)renaissance

 

Jeune être toi qui.

 

Descendue tout à l’heure désaltérer mon cerveau embué.

Interdite, j’avais invoqué les feuillages à sens que l’on tâte avec souplesse

d’un trait en plusieurs fois ou par à-coups mais pour

l’éternité.

Je pose, main sur la poignée en bois doux poli par le nombre de mains posées

avant moi.

Ces allées et venues, ouvrir-fermer, ces gestes machinaux comme on n’y prend pas

garde

et pourtant qui sont là si précieux : points de ralliement vers la réalité a-brute.

Foule de souvenirs m’assaille dès que

, une fois descendu l’escalier de pierre,

je pose un pied sur les premières herbes piquantes, (grassouillettes).

C’est cet air chaud qui m’appelle en susurrant, presque mielleux, enveloppe mes

épaules leur pose un baiser d’enfant qui courait dans le vert devenu jaune par le soleil

en pente,

 

Accompagnée de ma nuées d’abeilles chant intérieur,

— je glisse

jusqu’à l’eau qui clapote, la turquoise.

 

Poitrine remontée pour tenue de danseuse :

je me suspends, en quasi-apesanteur,

contrôlant le souffle,

épousant chaque geste, jusqu’à ce que

pieds nus quittent l’herbe pour

s’élever légèrement sur la plateforme en bois.

Toucher tiède des planches

blondies par le monologue des astres

Tourner autour du rectangle bleu

tourner avec prudence, en disant chaque pas, en

laissant cette liberté de l’aléatoire léger

à chaque enjambement.

Du fibreux au poreux : orteils s’aventurent sur les pierres.

Elles ont conservé davantage du souffle chaud du jour :

elles le restituent.

Subtilement.

Un temps; écoute.

Puis pas de danse.

 

Comme une procession contemplative

corps qui s’allonge en conscience lucide

dans la lumière du soleil de six heures

celui qui attendra encore

un temps avant de se coucher mais qui diffuse son or

sur les feuillages rouxgis

pointe du pied + onde

la sensation surprise de la chaleur de l’eau

tête articule bancale, laisser-aller

l’invitation liquide qui amène à descendre quelques

marches, jusqu’à ce que

le bas de la robe estivale en soit

presque trempé

hanches se penchent imperceptibles

bras s’allongent

sur le rebord de pierre

(heureux)

 

Tu es une grande fille à ce moment-là.

Tu regardes sans absorber impérieusement ; tu laisses venir juste.

Et tu la sais la paisible intuition de la cohérence d’ensemble.

Un moment le paysage a trouvé un équilibre saisissable.

 

À toi autre jeune être :

Essaie ! ou n’oublie jamais.

 

Julie Madon,

Université de Toulouse