Concours international de poésie 

« Matiah Eckhard »

édition 2018

 

 

 

 

 

 

Premier Prix « Université » ex aequo: 

 

 

On ne meurt jamais

 

On vit à jamais,

Le plus difficile est de naître.

On est toujours bien connu du soleil ;

On a ses empreintes dans les nuages,

Depuis notre première expiration. 

 

On ne meurt jamais :

On vit dans des cœurs ou dans des mémoires,

Ou bien dans des rêves ou bien dans des souvenirs,

Comme sur les traces de sables ou sur les rides de l’eau…

Dans le cycle planétaire.

 

On vit à jamais :

On devient une image, une pensée ou un code.

On est dans le temps qui ne s’efface jamais,

On est dans l’ombre de ceux qui nous aiment,

Ou bien dans les larmes qui coulent sur leurs joues ;

Ou bien dans des sourires légendaires du dîner d’anniversaire.

On est dans le sang de ceux qui disent papa ou maman,

On est dans la voix de ceux qui disent « mon frère » ou « ma sœur ».

 

On vient au monde

Dans la lumière comme l’étoile filante,

Dans la pluie par le coup de tonnerre,

Dans le vent par le tourbillon de passion,

Parmi les arbres comme la fleur de la forêt,

Dans le feu par la flamme d’amour…

Mais on ne quitte jamais le monde.

On vit dans ses notes de musiques, dans ses lettres d’amitiés,

Ou bien dans sa science ou bien dans ses chemins ;

On marque des pas silencieux dans l’ombrage,

Au sillage de montures, on assemble des feuillages.

Un moment on dort profondément et on se réveille derrière les rideaux de la vie,

Où on chante l’hymne de l’immortalité, où on se réalise, dans la ronde des comètes.

 

On ne meurt jamais,

Le plus difficile est de naître :

On est dans le souffle de la vie comme une lumière sans déclin.

 

Awouafack Daquin Cédric, 23 ans,

Institut des Statistiques et d’Economie appliquée, Yaoundé, Cameroun

 

 


 

 

Écrire et espérer (vidéo)

 

Écrire pour apprendre à tramer les vagues de la vie

Défricher le cœur  

     Car c’est dans le cœur que l’espoir prend son essor  

Écrire pour donner chair aux pensées

Enduire l’imaginaire de la gunite de la réalité

 

Écrire pour donner aux rêves des couleurs déliées de l’aube

Pour s’emparer de la certitude du demain

Ecrire pour feindre les seuils des horizons de la solitude

 

Écrire pour habiter les premières lueurs de la plume

Quand le temps  se révèle douleur et tempête

Et goûter à la liberté de l’instant dans la clameur épaisse de l’encre

 

Écrire pour l’éclosion des murs d’absences saoules

                                                                 De souvenirs

Pour tromper la valse folle de la mort et de la misère

 

Écrire pour convulser les rêves

Les extraire de l’essence et parer la face de l’existence

Écrire la terre en un hymne universel

                                               Pas d’argot

D’une myriade de couleurs de peaux

Mais de même couleur d’âme

 

Écrire pour attraper les élans de la rêverie

Pour effacer les intempéries

                                     Les guerres

                                           La peur

                                                Et cette faim de vivre

Qui nous rongent

 

Écrire pour s’être comblé du silence de l’émeute des étoiles

Écrire pour manipuler  le train du temps dans un jeu cadencé

De mot

 

Écrire des mots pour s’armer, des mots pour s’insurger

 

Écrivons espoir.    

 

 

Niklovens Fransaint, Université INUKA Haïti, 21 ans

 

 


 

 

Premier Prix « Lycée » ex aequo: 

 

 

Les mondes ne sont pas héréditaires

 

Dans cette nuit interminable,

Où les ombres des ténèbres m'enchaînaient,

Où la lumière et la joie n'existaient plus,

Où tout était remplacé par mort et désespoir,

Où dans le ciel il n'existait pas même d'étoile ou de Lune,

Je me suis perdue.

 

Je suis tombée dans un buisson d'épines conçu par des mots de haine qui m'arrachaient le cœur,

Puis dans un lac à la couleur verte de la négligence,

Sur un chemin de cailloux qui m'avait détruit le corps,

Des branches d'arbres qui ne souhaitaient pas ma présence m'écrasaient violemment.

 

Ce n'était pas mon monde.

Ce n'était pas le monde où j'étais censée passer ma vie.

 

Ce monde sale et obscur, à l'atmosphère haineuse et froide, j'étais enfermée.

 

Je ne voulais pas y ressembler, je ne voulais pas leur ressembler.

J'ai toujours vécu dans ce monde, mais il n'est pas mon image, il n’est pas pour moi.

J'y suis née mais je n'y suis pas habitante.

 

Puis un jour, je pris une plume et une feuille, et le Soleil est apparu.

Je découvris mon nouveau pouvoir de survie.

Chaque mot  que j'écrivais transformait mon regard sur la vie, et chaque phrase, mon monde.

Et puis je suis partie.

Partie pour mon monde.

 

Là où je pouvais rire, chanter, danser, voir des choses magnifiques qui me correspondaient.

Le Soleil, les oiseaux qui chantent, les couleurs de la vie, ressentir la joie tout autour de moi, entendre des rires de toute part, vivre l'amour et la paix, le bonheur et l'harmonie, la gaîté et l'entente.

Et lorsque la nuit venait, je reprenais ma plume, et des milliers d'étoiles se dessinaient dans le ciel, une température de nuit d'été s'installait, les animaux venaient, et dans le grand ciel déjà illuminé d'étoiles, une Lune d'espoir s'y épinglait.

 

L'écriture m'a permis de réécrire ma vie.

 

 

Lorraine Fabre, Institut d’Alzon (Nîmes), 16 ans

 

 


 

 

Non arrendersi

 

Perché deve essere tutto
Così
Perennemente
Difficile
Sbagliato
Complicato
Confuso
Estraneo.
Conto i miei respiri.
Non riesco.
Affannosi,
Si perdono nell'aria
come le ambizioni
Si perdono nel vento
E si alienano da me,
Diafane nell'ombra
Fiochi riverberi
Sparendo.
E si sciolgono
I miei sogni ignei
Colano dalle mie dita
Che dapprima brandenti
S'illudevano.
Conto i battiti
Celeri,
Rimbombano.
Silenzio.
Non riesco.
Afferro la mia mano,
È l'unica possibilità di fermarmi
Il mio piano imbolsire.
Sto correndo.
Sto scappando.
Non li sento più.
Non riesco.
Ascolto i miei passi.
Non esistono.
A terra.
Sono a terra.
Sola,
Faccia a faccia con le mie forze.
Sfinita.
Distrutta.
Polvere imperterrita.

Vessa ormai
L'ignavia
Su di me.
Afferro la mia mano,
Soffio vano di speranza.
Non esiste.
Non esisto.
Non arrenderti.
Combatti
Contro te stessa.
È una battaglia persa dal principio.
Cosa brandirai?
Le tue lacrime secche,
Inani.
La tua arma,
La tua sconfitta,
Dietro alle quali non fai altro che nasconderti.
È improvvisamente diventato tutto insapore,
immobile,
morto.
È la morte che mi circonda.
È il nulla che si insinua nel mio petto,
E mi svuota.
È il fallimento che mi soffoca,
Mi rattrappisce,
In un guscio di rimorso,
E di delusione.
Fingere. Sappiamo solo fingere.
Cerchiamo di dissimulare
E sorridiamo.
Fingere. Sa solo fingere.
La realtà.
Testarda e crudele.
Finge di non capirci,
Volta lo sguardo
Per non guardarci negli occhi.
È in questa realtà contorta.
Scarna.
Che, costretti a vivere,
Ci trasciniamo,
Brancolando verso il vuoto.

 

Elisa Biancofiore, Lycée scientifique de Bari (Italie), 17 ans

 

 

 

Ne te rends pas

 

Pourquoi tout doit être

Ainsi

Continuellement

Difficile

Erroné

Compliqué

Confus

Etranger.

Je compte mes respirations.

Je n’y arrive pas.

Elles sont rapides

Se perdent dans l’air

Comme les ambitions

Se perdent dans le vent

Et s’éloignent de moi

Diaphanes dans l’ombre

De faibles lueurs

Se dissolvant.

Et mes rêves de bois

Fondent

Coulent de mes doigts

Qui avant, brandissant,

S’illusionnaient.

Je compte les battements

Rapides

Résonnent.

Silence.

Je n’arrive pas.

J’attrape ma main,

C’est la seule possibilité de m’arrêter

D’affaiblir mon plan.

Je cours.

Je m’enfuis.

Je ne les sens plus.

Je n’arrive pas.

J’écoute mes pas.

Ils n’existent pas.

A terre.

Je suis à terre.

Seule,

Tête à tête avec mes forces.

Epuisée

Détruite.

Poussière obstinée.

 

Blessée désormais

La paresse

Sur moi.

J’attrape ma main,

Vain souffle d’espoir.

Elle n’existe pas.

Je n’existe pas.

Ne te rends pas.

Combats

Contre toi-même.

C’est une bataille perdue d’avance.

Que brandiras-tu ?

Tes larmes sèches,

Inaptes.

Ton arme,

Ta défaite.

Derrière lesquels tu ne cesses de te cacher.

Soudain, tout est devenu insipide,

Immobile,

Mort.

C’est la mort qui m’entoure,

C’est le néant qui pénètre dans ma poitrine

Et me vide.

C’est la défaite qui m’étouffe,

Me crispe,

Dans une coquille de regret,

De déception.

Mentir; Nous savons uniquement mentir

Nous cherchons à dissimuler

Et sourions.

Mentir. Sait uniquement mentir

La réalité.

Têtue et cruelle.

Fait semblant de ne pas nous comprendre,

Détourne le regard

Pour ne pas nous regarder dans les yeux.

C’est dans cette réalité tordue.

Décharnée.

Que nous nous trainons

Contraints à vivre

Vacillant vers le vide.

 

 



 

 

 

Premier Prix « Collège":

 

 

J'ai rêvé la révolution

 

J'ai rêvé la révolution. Celle de laisser les pays, les frontières. Ne faire qu'un. Un voyage infini. Au-delà des limites, des valeurs. S'exiler dans un pays. Un pays neuf. Un pays libre. Un pays sans jugements, sans entraves, sans contraintes. Avoir un esprit libre. Liberté de penser. De rêver. De vagabonder hors des sentiers battus. Hors des codes imposés par une société. Un retour à l'état sauvage. Corps et esprit liés, déliés, s'insurgent, s'ensauvagent, se délivrent.

 

J'ai rêvé de cette révolution.

 

Emmy Prats, 15 ans 

Collège Max Rouquette de Saint André de Sangonis (34)