CONCOURS DE POESIE « MATIAH ECKHARD » 2018

 

Mentions spéciales « Université »

 

 

Requiem bleu azur

 

À Lisa,

 

En ce matin d’automne où tu as succombé

L’horloge de ma vie a suspendu son cours.

A quoi bon exister sans te revoir un jour?

Tant de rêves perdus, mon espoir est ruiné.

 

Firmament de coton qui trahit mes pensées,

Ces sanglots sont bien ceux que mon coeur a niés.

 

Le crachin qui s’abat sur cette nationale,

S’écoule doucement, s’enchevêtre à ton sang.

Jour d’octobre naissant t’embrasse de son vent,

Souffle dans tes cheveux son aurore fatale.

 

L’azur, enveloppé par le gris des nuages,

Nous narre l’infortune qui laisse ta dépouille,

Abandonnée au froid, triste fin de vadrouille,

Qui met fin à ta vie malgré ton si jeune âge.

L’océan de tes yeux se déverse sans fin

Aux joues de tes amis en quête de ta main.

 

En ce matin d’automne et malgré les années

Je ne peux t’oublier et pleure quelques vers.

Paroles de chagrin, volutes du passé,

Stigmates de douleur que le silence sert.

 

 

Adam Grassot,

Institut d’Alzon de Nîmes, 19 ans    

 

 


Avant que le sol ne redevienne vert

 

 

Avant que le sol ne redevienne vert

 

Que tout ce que je vois soit volé par un mot

 

Mais que je ne puisse pas l'écrire

 

Avant que la neige remplisse même les toits

 

Que la merveille d'une nuit ne soit qu'un crime

 

Et que nous ne nous soyons pas seulement rencontrés

 

Dans un hiver abandonné par ses coloriages

 

Avant que les causes de notre époque

 

Se soient toutes consumées

 

Comme le pin qui vend sa chaleur

 

Avant que mon carnet soit embelli

 

Par mes encres de rancoeurs

 

Et avant que le printemps n'étale

 

Ses premières peintures d'éclaircies

 

L'hiver m'a pris encore dans ses heures enserrées

 

 

 

Paolo Curetti

Université Paul-Valéry Montpellier

 

 

 

Dureté   

                                                                                                   

Je  suis  le  jour  la  nuit,                              

Je  suis  la  nuit  le  jour.

Parfois,  je  dépose  ma  tête  sur  le  jour.

Parfois,  je  dépose  ma  tête  sur  la  nuit.

Parfois,  je  me  lave  du  matin.

Parfois,  je  me  lave  du  soir.

La  mort  sur  les  épaules,

J’observe  ma  pendule

Pour  un  jour  renaître  quelque  part.

Loin  du  rideau  puant  du  temps,

Loin  de  ce  monde  perdu  dans  du  sable.

D’un  trou  poétique,  je  lève  mes  mains

Pour  recevoir  les  tiennes.

Bats !  bats !  bats !  tes  mains  ma  vie.

Laisse  la  souffrance  se  nourrir  de  ces  fruits

Pourris  de  l’illusion  terrestre.

Et,  peut-être  un  jour,  le  requiem  chantera  ma

victoire.

 

Méchak  Eliezer Mbani

23 ans, Université Marien Ngouabi de Brazzaville (Congo)

 

 

 


 

 

FONTAINE

 

Comme les ouvrages d’un seul Maître

Les mots d’une lettre

Les vagues de la mer

Les enfants d'une même mère

 

Comme les couleurs de l’arc-en-ciel

Les étoiles du ciel

Harmonies d’une symphonie

Et vers de poésie

 

Comme les fleurs du jardin

Les parures d’un écrin

Les perles d'une rosée

Les roses d'un rosier…

 

Comme les couplets d'une chanson

Les feuilles d'une même saison

Tambourinements du cœur

Ou timbres d'un chœur

 

Comme les doigts de la main

Les grains d’un raisin

La fontaine du lointain chemin

Nous avons tous un matin commun

 

Jocelyn Danga,

24 ans, Kinshasa (RD Congo)

 

 


 

 

« La quête la plus vaine »

La quête la plus vaine est celle de l’enfance,
Je recherche toujours ce conte de lutins :
Celui qui me berçait du soir jusqu’au matin
Et qui entretenait ma plus tendre insouciance.

J’aimerais retrouver ce monde imaginaire,
Un monde de tendresse et de beaux arcs-en-ciel,
De bonnes confiseries et de doux caramels,
De belles princesses qui brisent l’ordinaire.

Ils sont tellement loin, tous mes rêves enfantins,
Ces songes merveilleux qui sont maintenant vains.
Je donnerais mon or pour pouvoir revivre
 
Ces instants magiques passés avec les fées
Qui restaient près de moi, la nuit, me réchauffer ;
Je pleure l’âge d’or des poèmes et des livres.

 

 Emmanuel Hetsch  

19 ans, Faculté de médecine de Strasbourg

 

 


 

 

 

Hommes de toutes les nations!

 

Écoutez le tam-tam du continent noir,

Il a eu un mauvais présage.

Peuples de toutes sortes de langue !

Écoutez le vent,il est furieux

Parce que nous l'intoxiquons,

C'est pourquoi il amène de l'orage dans sa furie.

Regardez la terre,elle se fracasse et se meurt

Parce que nous la détruisons et l'appauvrissons,

C'est pourquoi elle amène la famine et la mort.

Races de tous les continents!

Observez l'atmosphère rigoureusement

Il est lourd de gaz et de chaleur,

Parce que nous l'intoxiquons et le polluons

C'est pourquoi il ramène à ses côté les maladie et la mort.

Regarder les belles verdures des prés et forêts

Elles disparaissent car nous les exterminons,

C'est pourquoi elles nous lèguent la chaleur.

Habitants de toute la terre!

Constatez tous les arbres abattus chaque jour

Nous les assassinons sans vergogne sans les remplacer,

C'est pourquoi nous héritons de la sécheresse de leur part.

Fils et filles du monde entier!

Regardez cette belle étendue bleue,si bleue!

Que nous admirons et aimons

Devenir une poubelle de différentes couleurs

Dont les habitants flottent parfois sans vie à la surface,

C'est pourquoi elle devient agressive.

Regardons ces jolies espèces d'animaux

Qui peu à peu,nous exterminons,

Prenons conscience ! Prenons conscience ! Prenons conscience !

Sinon notre extinction est proche,

Et son visage est au tournant du chemin.

 

Daniel Aziabor,

Togo, 25 ans 

 

 


 

 

Ma flûte traversière

dans tes bras

je pourrais composer

tous les poèmes du monde

 

ma flûte

je ne sais pas jouer de la flûte

 

je n'ai pas pu apprendre quand j'avais sept ans je n'avais pas le

temps

je ne peux

que

la regarder

sourire.

 

après tout

ce n'est peut-être qu'une immense sérénade

 

après tout

ce ne peut être que cela ma flûte traversière

une immense sérénade

triste et

joyeuse

qui

entre mes mains

ne fait pas de bruit.

 

je suis

près de l'embarcadère où coule un ruisseau bleu

et c'est elle le ruisseau

sans le bruit de pas que font les vrais ruisseaux

non

sans bruit.

 

ma flûte

je ne sais pas jouer de la flûte je n'ai jamais appris

je l'ai reçue dans les mains

 

un cadeau

d'un ami

 

et quand il y a du vent elle résonne

toute seule

elle résonne comme un ruisseau

bleu

 

à ma fenêtre

toutes les nuits

j'entends siffler les rues comme des flûtes à l'air libre

 

et

je me lève

et

je regarde

 

danser

sans bruit

sans autre bruit que les immenses sérénades qui se profilent

dans les rues qui font comme un ruisseau bleu

 

et j'entends

s'écrier

tous les poèmes du monde.

 

 

Victor Malzac,

Saint Georges d’Orques, 20 ans