Concours international de poésie 

« Matiah Eckhard »

édition 2019

 

 

Premier Prix « Université »: 

 

 

 

L’autre côté

 

Comme une hirondelle volant au zénith

Entre l’astre du jour et les nuages

Ainsi je vois la vie

 

Comme une enfant pauvre joyeuse

Et belle jouant à la marelle

Ainsi je vois la vie

 

Comme une jeune fleur frêle

Qui s’épanouit seule dans la nature

Ainsi je vois la vie

 

Comme des mots enchevêtrés au bout

D’un stylo pour chasser des maux

Ainsi je vois la vie

 

Dans cette sphère, je crée une atmosphère

De bonheur et de bonne heure,

Je substitue à mes poids la joie

Qui m’enchante quand je la chante.

 

Je chéris cette vie parsemée de lys

Avec sa boule de feu dans le ciel bleu

Avec ses hommes de différentes couleurs

Vivant en harmonie sans douleur

Et qui entrent en transe quand ils dansent

En plein air, l’ère de la paix et de la liberté.

 

Face à ce concert, j’oublie mon cancer

Contourne la peur et tourne autour

De cette merveilleuse vie toute joyeuse.

Elle est à délecter comme un nectar

Avant que ne sonnent les heures de l’incertitude.

 

Mabard Abdias, 24 ans,

Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, Ngaoundéré, Cameroun

 

 


 

 

Premier Prix « Lycée » ex aequo : 

 

 

 

Fantasme

 

 

du grec phantasma, « apparition, fantôme »,

«hallucination visuelle », lui-même dérivé de

phainein, « rendre visible; faire briller ».

 

 

ce soir lune instille cris

dans mon esprit satellite

ce soir poète vacille

dans marrée d'étoiles licites

 

parce que je ne peux plus dire

expier panique et poétique

parce que je n'ai rien entendu

face à une triste voûte mutique

 

parce que je n'ai plus la formule

que je n'ai jamais eu ce privilège

que mon écriture n'a pas fait fortune

ma seule floraison est neige

 

flocons d'étoiles et poudre de comète

lumineuses hallucinations en fête

et je vois dans les montagnes de nuages

comme une fuite possible vers les planètes

 

je vois ce relief bleu nuit

l'océan du firmament en vie

son odeur émane des cieux du crépuscule

         elle me murmure et je gis là

         dans mes bras mes fantasmes et un lilas

 

Amaury Ouellet, 18 ans,

Marsillargues (34)

 

 


 

 

Les bombes et les papillons (Souvenirs de Syrie)

 

Alep. Enfance. Souvenirs.

Quand on voit un papillon mort, on l’enterre.

Jeu d’enfant.

 

Je suis dans le village de mes grands-parents.

Je joue au “mariage” avec mes cousines :

Chacune son tour, sur la pile d’oreillers,

D’être la mariée.

On répète toujours la même chanson.

La chanson d’une fille belle et de sa jupe qui vole.

“Quand elle marche comme un chat

Sa jupe monte

Elle marche et elle secoue la taille

Comme si elle était une reine.”

La chanson.

 

Il y a les avions qui passent et auxquels on dit au revoir.

On cueille le thym sur la montagne

Et il y a cette chanson :

“Elle marche et dit que c’est la mode,

Les vagues sont jalouses

Elle est belle et excusée.”

 

Les grands nous font peur, ils nous disent que le puits d’eau mange les enfants.

Ils nous disent : “Regardez, le puits d’eau mange le seau, il mange tout”.

On ne voit plus le seau.

A l’école d’Alep, on me malmène parce que j’ai les yeux bleus.

J’ai peur des vols d’enfants

Contre de l’argent.

J’entends les bombes qui tombent sur le village de mes grands-parents.

 

Je suis dans le village de mes grands-parents.

Le bruit des bombes.

Nous sommes collés au mur, agenouillés.

J’ai pensé que je pouvais ne pas me réveiller.

Un papillon mort, on l’enterre, on enterre tous les papillons morts.

On cueille le thym sur la montagne.

 

Je suis à la frontière de Kilis.

La rue en feu, du brouillard de feu,

Il y a des bombes sous la terre.

Il y a un chaos et trop de chaleur.

Les passeports, les pleurs

De Hamza.

Je n’ai pas pu prendre mes jouets

Mes cadeaux, je ne les ai pas utilisés.

 

Je dois apprendre le turc, vite.

Je ne cueille plus le thym sur la montagne.

Il n’y a plus de papillons.

La chanson prisonnière dans ma tête :

“Le monde est chaud comme le feu

Mais elle s’en fiche

Sa jupe des deux côtés.”

 

Les nouvelles de Syrie apportent la mort.

Je comprends ce qu’est la mort de ceux que j’aime.

Il faut que je reste comme je suis.

Mars 2015, j’entre en France.

 

Je ne comprends pas pourquoi on tue un peuple.

Parfois je me demande si la paix viendra un jour

Si je pourrai rentrer en Syrie.

Je n’aurai plus l’âge des jeux, je n’aurai pas peur du puits,

Mais je saurai voir encore les ailes des papillons.

 

Bouchra ASSOUAD, 18 ans,

Lycée Théophile Roussel, Saint Chély d’Apcher (48)

 


 

 

Premier Prix « Collège » ex aequo: 

 

 

Bienvenue

 

Bienvenue dans la Société,

Nous espérons que tu vas apprécier

                Ton Séjour.

Ceci est un endroit de Paix,

Mais pas un endroit d’Amour.

 

                Bienvenue dans la Société.

 

On te dit « deviens! »

Mais on ne te laisse pas le choix

On te dit « Sois quelqu’un! »

Mais tu ne le choisis pas.

 

                Bienvenue dans la Société.

 

On te dit « Sois qui tu es! »

Mais ce’ n’est pas toujours vrai.

On te dit que tu peux être fille, garçon ou les deux ;

Mais ce n’est pas toujours le mieux.

 

Bienvenue dans la Société,

Nous espérons que tu vas apprécier

                Ton Séjour

Ceci est un endroit de Paix,

Mais pas un endroit d’Amour.

 

Chloé Orr,

Classe de 5eB, Collège Camille Claudel, Montpellier (34)

 

 

 


 

A des années lumières

 

On combat le feu avec le feu

On combat l’eau avec l’eau

On combat la terre avec la terre

On combat l’air avec l’air

 

Mais on ne combat pas la lumière avec la lumière

La lumière sera toujours lumière, on ne la combattra pas,

Mais on la laissera, nous ne serons jamais dignes d’être elle

Mais nous serons volontaire d’être elle

La lumière est le soleil, la lumière est une étoile,

Elle brille jour comme nuit, elle naît jour elle mourra nuit

Celle-ci est unique personne ne peut devenir elle,

Et elle ne peut devenir personne

Sans elle nous n’en serions pas là, chaque minute

Chaque jour ou même chaque seconde la lumière

Ne cesse d’exister la lumière mourra mais mourra lumière

Elle est née lumière alors elle restera lumière

Sans cette lumière nous mourrons alors qu’avec cet lumière

Nous vivrons

Un jour elle ne pourra exister même si ce jour est déjà arrivé Elle est là ; là à virevolter au-dessus de nous

Alors que nous, nous revivons au-dessus d’elle

 

A la mémoire de Matiah Eckhard

 

 

Méryl Turpin-Georgin,

Classe de 5e9, Collège Joseph Delteil, Limoux (11)

 

 

 


Le tour du monde en une poésie 

 

Depuis l’envers du monde une muse me parle

Ses rimes sont des pages ô moire aux continents

Liseuse de l’arcane, lumière zénithale

Comme une île esseulée étreint le firmament

 

Cavalcu mari longu u viaghju 

Sò circataghju di libertà 

Sò cum’è una vita 

Pagine è musica à infinitu 

 

J’ai voyagé dans la sibylline Asie 

Sur l’idyllique sentier de la forêt Yunqi 

Vénéré les divines calligraphies

Impassibles pandas de la province Shaanxi

Danse d’étrennes pour un nouvel an béni

En son coeur un dragon mordoré de Malaisie 

 

J’ai voyagé dans la souveraine Afrique 

Sublimée par les safaris épiques 

Dans une savane des plus oniriques 

Auréolée d’une lumière séraphique 

Quand impalas, girafes, jabirus et servals mirifiques 

Dansent les sibyllines beautés d’Afrique 

 

J’ai voyagé dans les lumières de l’Europe 

La ville aux cent villages du cinémascope

Ouvre le Panthéon des poètes de l’apocope

Loué le sud baroque aux mille kaléidoscopes

S’ancrer au berceau de l’occident sous le regard de Pénélope

Ce vieux continent aux maintes métopes

 

J’ai voyagé dans l’immuable Antarctique 

Au-delà du paysage presque mélancolique

Se mussent les aurores boréales dans leur danse homérique

Et quand vient le crépuscule fantastique 

Se dresse une silhouette fantomatique 

Un ours blanc s’avance sur la banquise archangélique 

 

J’ai voyagé aux sources de l’Océanie 

Dans les vestiges monolithiques des îles Fidji 

De Papeete à Canberra, d’Adélaïde à Bunbury 

Au coeur des musiques aborigènes du yidaki

Admiré les ornithorynques, kookaburras et diables de Tasmanie 

Ecouté les alizés d’Honolulu les soirs de féérie

 

J’ai voyagé dans l’insolite Amérique 

Le long du Mississippi une « big easy » au jazz fantastique

Cordillères du Sud où aras et toucans dressent un carnaval dialogique

De Montréal à Vancouver, de Québec au froid subarctique 

Quand l’été indien compose une toile emblématique

Devant tant de joliesses comment rester stoïque

 

Cavalcu mari longu u viaghju 

Sò circataghju di libertà 

Sò cum’è una vita 

Pagine è musica à infinitu 

 

Préambule insulaire d’une universelle aventure 

Comme une mélopée d’un jour entre au Panthéon des Goncourt

Mille ailleurs s’arriment à une encablure

Du fond des millénaires Shéhérazade conte encor et toujours !

 

Ne saura-t-on jamais comment l’on voyage 

Symphonies proustiennes, lyres en exode ou rêves de parchemins

Dans l’âme, les airs ou dans l’escale d’une page

La réalité aux confins de l’allégorie se joint

 

Comment croire que mille voyages m’habitent 

Fabuleusement

Comment imaginer qu’une telle odyssée m’invite 

Eternellement

 

 

Lauralie Alfonsi,

Classe de 5e, Collège Saint Joseph, Gap (05)